Ignorant les réserves de son mari, Lina (Qi Xi) part du nord-est de la Chine pour Paris où elle espère trouver un emploi. Hélas, ses premières semaines en France sont difficiles et elle doit quitter brutalement la famille qui l’exploite comme bonne à tout faire. À la rue, Lina rencontre une compatriote qui lui offre un toit partagé avec d’autres Chinoises clandestines. Sans emploi stable, ces femmes n’ont d’autre alternative pour survivre que de se livrer à la prostitution.
Le réalisateur belge Olivier Meys vient du documentaire. Les Fleurs amères en porte la trace et en a la patine. Il s’agit de raconter l’histoire d’immigrées chinoises venues de Mandchourie. Elles ont la réputation de parler un excellent mandarin, ce qui fait d’elles des recrues de choix pour éduquer les enfants ; mais, faute d’emplois, un grand nombre se retrouve sur le trottoir.
Olivier Meys aurait pu choisir de tourner un documentaire. Il a la bonne idée de réaliser un film en confiant le rôle principal à Qi Xi qu’on vient de voir dans So Long, My Son. De tous les plans, l’actrice est bouleversante. On partage tous les états qu’elle traverse : l’excitation à son arrivée à Paris, le découragement face aux premières difficultés, l’écartèlement devant le choix qui s’offre à elle (rentrer piteusement en Chine ou se vendre ?), la culpabilité face au mensonge que Lina sert à son mari et à sa famille pour expliquer l’origine des fonds qu’elle leur envoie.
Pour éviter que l’action ne s’enlise, le scénario invente une cousine qui décide de rejoindre Lina à Paris et à laquelle il faudra bien révéler la réalité. Conséquence : Lina devra revenir en Chine. Le film, qui s’était construit sur les trottoirs parisiens et autour de la petite communauté de femmes solidaires qui avaient accueilli Lina, en perd en unité. Mais il va au bout de la trajectoire de Lina qui devra assumer les conséquences de ses choix. Jusqu’à un plan ultime d’une infinie douceur.