Une main coupée réussit à s’échapper du laboratoire où elle était conservée et à traverser la ville en en déjouant les embûches.
Pendant ce temps – ou peut-être quelques mois plus tôt – on fait la connaissance de Naoufel, un jeune Marocain qui rêvait de devenir concertiste et astronaute avant de quitter son pays natal pour la France. Hébergé par un oncle négligent, livreur de pizzas maladroit, il tombe éperdument amoureux de Gabrielle et réussit à se faire embaucher par son oncle menuisier pour se rapprocher d’elle.
J’ai perdu mon corps sort sur les écrans précédé d’une réputation louangeuse : présenté à la Semaine internationale de la critique à Cannes, prix du public à Annecy, plusieurs amis (poke Henri poke Florent) m’en ont fait l’éloge et passeront au crible ce que je vais en dire.
Qu’ils soient rassurés : je partage leur enthousiasme.
J’ai perdu mon corps est un film d’animation au scénario complexe. C’est l’adaptation d’un roman graphique de Guillaume Laurant, le scénariste attitré de Caro & Jeunet depuis La Cité des enfants perdus, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain et Un long dimanche de fiançailles.
L’histoire entrelace trois fils narratifs en restant d’une parfaite lisibilité. Au présent, on suit sur un mode fantastique façon Franju une main coupée à travers Paris dans des séquences qui empruntent au cinéma d’action : cascades aériennes, poursuites au ras du bitume, plongée dans les sous-sols du métro… Au passé simple, on exhume l’enfance heureuse du jeune Naoufel au Maroc avant le drame fondateur. Au passé composé, on revit ses dernières semaines et l’histoire de son coup de foudre pour Gabrielle.
J’ai perdu mon corps fait souffler un vent frais dans le cinéma français. Son sujet inédit, son traitement toujours juste, l’élégance de la musique signée Dan Lévy emportent l’adhésion. Et l’histoire d’amour, aussi gnangnan soit-elle, des deux protagonistes a même réussi à faire fondre mon cœur de vieux scrogneugneu bientôt quinquagénaire. Que demander de plus ?