Alice (Emily Beecham) élève seule son fils Joe. Elle s’investit plus que de raison dans son travail de phytogénéticienne dans un laboratoire botanique. Elle y est chargée avec son collègue Chris (Ben Whishaw) du développement d’une plante révolutionnaire susceptible de développer chez ceux qui en hument le pollen un sentiment de tendresse maternelle.
Toutefois les premiers tests révèlent des résultats surprenants.
Jessica Hausner est une réalisatrice au style particulier. Formée à l’école de Michael Haneke (elle travailla comme script sur le tournage de Funny Games), elle reproduit les caractéristiques bien reconnaissables du maître autrichien bi-palmé (pour Le Ruban blanc en 2009 et pour Amour en 2012) : des plans savamment composés, une musique et un son très travaillés, la violence sous-jacente des situations, des univers glaciaux qui reflètent le vide désespérant des cœurs et des âmes… Cinéaste européenne par excellence, elle a d’abord tourné en Autriche (Lovely Rita, Hotel), puis en France (Lourdes), en Allemagne (Amour fou) et maintenant au Royaume-Uni avec un casting cosmopolite où on reconnaît Kerry Fox, l’actrice néo-zélandaise fétiche de Jane Campion qui tenait, il y a près de trente ans, le premier rôle de An Angel at my table.
Little Joe flirte avec le surnaturel : la plante créée par Alice diffuse un poison qui prend possession de la volonté de ceux qui la respirent. Le film se réduit à cette idée-là. Certes, Emily Beecham joue excellemment (sa composition lui a valu le prix d’interprétation féminine à Cannes) ; mais le plaisir qu’on prend à la regarder ne suffit pas à lui seul à maintenir l’intérêt du spectateur deux heures de rang.