Esty (Shira Haas) a dix neuf ans à peine. Élevée par sa tante et par ses grands parents dans la communauté juive ultra-orthodoxe de Williamsburg à New York, elle vient de se marier. Sa vie l’étouffe. Elle décide de partir à Berlin rejoindre sa mère qui, quelques années plus tôt, a pris la même décision radicale qu’elle.
Unorthodox est la mini-série Netflix dont on parle ces jours-ci. Dans le monde d’avant, les films sortaient le mercredi, étaient précédés d’avant-première, de publicités sur les bus et dans le métro. Dans le nouveau monde, les films et les séries sortent n’importe quand ; il n’y a plus d’avant-première et les publicités de Pinocchio et de Sans un bruit 2 continuent d’orner les flancs de bus à moitié vides. Décidément, ce monde n’est pas pour moi…
Unorthodox fait donc le buzz. Beaucoup de bruit pour rien ?
La vie dans une communauté religieuse orthodoxe, l’observation stricte des règles qui la régissent, le décalage surprenant avec les usages de nos sociétés contemporaines constituent un formidable matériau cinématographique. Qu’on l’ait vu ado à sa sortie comme le vieux boomer que je suis, ou plus tard à la télévision, on se souvient tous de Witness, le film avec Harrison Ford qui se déroulait dans la communauté Amish.
La vie dans une communauté juive ultra-orthodoxe a souvent été traitée au cinéma : Kaddosh (1999), Prendre femme (2004), Brooklyn Yiddish (2017)… En 2018 sortait en France Désobéissance qui racontait l’histoire d’amour impossible entre deux femmes d’une communauté juive ultra-orthodoxe londonienne : Ronit (Rachel Weisz) et Esti (Rachel McAdams).
Unorthodox marche sur les traces de ces oeuvres précédentes sans vraiment renouveler le genre. Il est adapté d’une histoire vraie sans que cette caution, désormais obligatoire à Hollywood, lui apporte une qualité supplémentaire.
Son format est peut-être sa seule originalité : une mini-série en quatre épisodes d’une durée totale de trois heures trente. Cette durée dilatée se justifiait-elle ? Nullement. On aurait volontiers compressé ce scénario pas vraiment rebondissant dans la durée plus classique d’un film de deux heures.
Seule originalité, et non des moindres, de Unorthodox : sa minuscule héroïne. 1m52, une quarantaine de kilos à vue de nez, la tête rasée après son mariage comme le veut la coutume, engoncée dans des robes hideuses, le physique de Shira Haas défie tous les canons de la beauté contemporaine. On ne peut qu’être ému par la baignade qu’elle s’autorise dans le lac de Wannsee, à une encablure de la villa où fut décidée la Solution finale en janvier 1942, aux faux airs de baptême régénérateur.