Michele Apicella, double autobiographique de Nanni Moretti, fait la tournée promotionnelle de son dernier film et tourne le suivant, une adaptation de la vie de Sigmund Freud. Un conflit l’oppose à un jeune réalisateur dont son producteur a décidé de financer sa comédie musicale sur mai 68. Apicella décide de le défier dans un débat télévisé.
Sogni d’oro (1981) n’est pas le premier film de Nanni Moretti mais son troisième après Je suis un anarchiste en 1976 et Ecce Bombo en 1978. Mais c’est celui grâce auquel il accède à la notoriété, en Italie et à l’étranger, grâce notamment au prix spécial du jury que lui délivre la Mostra de Venise.
Nanni Moretti n’a pas encore trente ans ; mais il a déjà trouvé sa voie. Sur le fond comme sur la forme, tout son cinéma est déjà inscrit dans Sogni d’oro qui connaîtra ensuite d’innombrables déclinaisons : Bianca, Journal intime, Aprile, Mia Madre…. La forme : la chronique autobiographique volontiers ironique voire satirique. Le fond : questionnements intimes, réflexions artistiques, interrogations politiques.
Regarder aujourd’hui Sogni d’oro, grâce à Arte TV qui diffuse une rétrospective de son oeuvre, c’est effectuer un bond en arrière de presque quarante ans et explorer la généalogie du cinéma de Moretti. Le film est construit de bric et de broc qui enchaîne, sans toujours se soucier de les relier les unes ou autres, des scènes plus ou moins convaincantes. Nanni Moretti est de chaque plan : avec sa mère, derrière la caméra, devant son public qui lui reproche son élitisme. On aperçoit Laura Morante pour la première fois, qui deviendra son actrice fétiche.
Sogni d’oro a mal vieilli. Les thèmes qu’il brasse (la crise du cinéma d’auteur, la médiocrité de la télévision, la faillite du gauchisme…) semblent bien datés. On lui préfèrera les films de la maturité et au premier chef La Chambre du fils.