Petit voyou sans futur, Ermanno vole des scooters et dépense dans des machines à sous l’argent qu’il retire de leur trafic. Son oncle le charge d’une mission bien particulière : accueillir Lena, une jeune Polonaise enceinte de huit mois, déclarer être le père de son enfant à naître, pour en faciliter l’adoption ultérieure, et partager jusqu’à la naissance l’appartement de la jeune femme.
Sole n’est pas, comme on pourrait le penser, un film à thème sur la gestation pour autrui, de ceux qui, jadis, auraient précédé un débat sentencieux aux Dossiers de l’écran sur la deuxième chaîne de l’ORTF. Le réalisateur Carlo Sironi ne documente pas dans les détails les procédés plus ou moins légaux qui conduisent des jeunes femmes de l’Est de l’Europe à accepter, moyennant finance, de porter l’enfant de riches Occidentaux empêchés de mener une grossesse à terme.
Il préfère s’intéresser au duo boiteux formé par Lena et son geôlier. Son évolution ne fait guère de doute et la bande-annonce ne s’en cache pas : les deux jeunes gens vont se rapprocher de plus en plus. Après la naissance d’une petite fille baptisée Sole, ils vont être confrontés à la question vers laquelle tout le film est tendu : vont-ils donner comme convenu Sole à ses parents d’adoption ou s’enfuir avec elle au mépris de la parole donnée ?
Loin du traitement naturaliste qu’un tel sujet aurait pu appeler, Carlo Sironi opte pour son premier film pour une forme ascétique, des plans serrés, des lumières aquatiques, quasiment pas de musique d’accompagnement. Le rythme du film en est ralenti, sa gravité accentuée, d’autant que consigne semble avoir été donnée à ses deux acteurs (lui, amateur, elle professionnelle) de garder tout du long une moue inexpressive.
Ce parti pris minimaliste force le respect. Mais il ne touche pas forcément le coeur.