Gam-Hee (Kim Minhee, l’actrice fétiche et la compagne à la ville de Hong Sangsoo), que son mari vient de quitter le temps d’un voyage d’affaires, rencontre trois amies. La première, proche de la retraite, s’est retirée du monde. La seconde, au mitan de sa vie, multiplie les passades. La troisième travaille dans un centre culturel qui programme une rétrospective des œuvres du réalisateur dont l’héroïne fut, quelques années plus tôt, la maîtresse.
C’est avec beaucoup de prudence que j’ai écrit le résumé qui précède tant je ne suis pas totalement certain d’avoir compris l’histoire ou les histoires que raconte La femme qui s’est enfuie – pas plus d’ailleurs que je n’ai réussi à comprendre son titre. Il a fallu d’ailleurs une longue discussion avec une amie plus cinéphile que moi – et qui pourtant, de son propre aveu, n’avait rien compris au film – pour réaliser que le personnage qu’on voit dans la première scène partir à un entretien d’embauche au lendemain d’une soirée trop arrosée est le même que celui que capte plus tard la vidéo de surveillance en train de fumer tristement devant chez elle.
Deux mois à peine après Hotel by the river, Hong Sangsoo revenait sur les écrans fin septembre. La proximité des dates de sortie de ces deux films s’explique sans doute par la fermeture des salles (Hotel by the river aurait dû sortir au printemps). Mais le réalisateur sud-coréen n’en demeure pas moins d’une affolante prolixité, au point de donner le tournis à ses plus fervents afficionados.
Tous ses films se ressemblent qui filment en long plans-séquence – parfois interrompus par de brusques zooms avant – des discussions interminables. Mais tous ses films diffèrent imperceptiblement les uns des autres : Hotel by the river, tourné en plein hiver, dans un splendide noir et blanc était une réflexion sur la mort tandis que La femme qui s’est enfuie, plus lumineux, interroge la possibilité d’un monde sans hommes.
Chacune des trois rencontres que fait Gam-Hee est structurée de la même façon. Le face-à-face des deux femmes est interrompu par un homme maladroit et grotesque : un voisin qui se plaint des chats errants, un jeune poète énamouré, le réalisateur célèbre duquel Gam-Hee s’est jadis éprise…
Les critiques crient au génie devant les films de Hong Sangsoo. J’avoue, le rouge au front, ne pas partager leur enthousiasme. Certes, je n’ai pas revécu la colère qui m’a prise devant Hotel by the river l’été dernier, que j’ose accuser de fumisterie ; mais pour autant les soporifiques dialogues de La femme… me semblent fâcheusement dépourvus d’intérêt.