Finn est un orphelin, passionné par le dessin, élevé par son oncle dans une petite ville côtière de Floride. Il aide un forçat (Robert De Niro) à fuir la police, rencontre une riche veuve (Anne Bancroft) et tombe éperdument amoureux de Estella, sa protégée.
Devenu adulte, Finn (Ethan Hawke) expose ses toiles à New York grâce à la dotation qui lui est versée par un mystérieux avocat et retrouve Estella (Gwyneth Paltrow).
Avant de devenir un immense cinéaste, couronné deux fois par l’Oscar du meilleur réalisateur (en 2014 pour Gravity et en 2019 pour Roma), Alfonso Cuarón a fait ses premiers armes à Hollywood où la Twentieth Century Fox lui avait confié le soin de réaliser une nouvelle adaptation de De grandes espérances. Le défi était audacieux : l’adaptation du célèbre roman de Charles Dickens par David Lean en 1946 passait pour indépassable. Force est hélas de constater que la version de 1998 d’Alfonso Cuarón ne l’a pas dépassée. Loin s’en faut…
Le parti pris est celui d’une transposition de l’intrigue dickensienne à l’époque moderne. On quitte le Kent pour la Floride, Londres pour New York. Pip est rebaptisé Finn – alors qu’Estella garde son nom – son oncle n’est plus forgeron mais pêcheur, etc…
Le studio s’était assuré d’un brillant casting. Les rôles de Finn et d’Estella étaient confiés à deux étoiles montantes : Ethan Hawke, bellâtre mou et fade, et Gwyneth Paltrow, d’une maigreur maladive mais d’une irradiante beauté. Pour les entourer, on leur adjoignait deux valeurs sures : Anne Bancroft, la cougar du Lauréat, et Robert De Niro, qui n’avait pas encore entamé la lente déchéance qui allait caractériser sa filmographie pendant les vingt années suivantes.
Hélas, rien ne marche dans ce film. À qui la faute ? À l’académisme de la réalisation ? À la mièvrerie des deux acteurs principaux ? Aux vingt années écoulées depuis la sortie de ce film qui m’aurait peut-être apparu moins démodé si je l’avais vu dès sa sortie ? Ou – osons avancer cette hypothèse sacrilège – à la désuétude d’un roman surcoté qui prend plus de cinq cents pages pour délivrer un message qui tient en une phrase : « La vie déçoit souvent les espérances qu’elle a fait naître ».