Bernard alias Feu-de-bois (Gérard Depardieu) est un vieil homme rongé par la solitude, la haine de soi et des autres. L’esclandre qu’il provoque à l’anniversaire de sa sœur Solange (Catherine Frot), devant son cousin Rabut (Jean-Pierre Darroussin), conduit les trois personnages à plonger dans leurs souvenirs enfouis de la guerre d’Algérie où Bernard et Rabut avaient été enrôlés.
Des hommes est d’abord un roman poignant de Laurent Mauvignier publié en 2009 aux Editions de Minuit, distingué par le Prix des libraires 2010. C’est un texte magnifique dont Lucas Belvaux, à tort ou à raison, a du mal à s’éloigner et dont il fait lire de longs extraits par les voix immédiatement reconnaissables de ses trois acteurs.
Cette fidélité excessive au texte n’est pas le seul défaut d’un film qui en compte beaucoup. Le principal est peut-être la présence encombrante de trois monstres sacrés du cinéma français. Gérard Depardieu n’a jamais été aussi obèse, aussi lent, aussi apoplectique, en un mot aussi depardien. Son tarin est si gros (ce qui n’est pas la moindre ironie pour l’interprète de Cyrano) qu’il finirait presque par le cacher si l’acteur n’était pas si massif. Quand il apparaît à l’écran, on a du mal à prendre au sérieux le personnage qu’il est censé jouer. C’est un peu le même problème pour Jean-Pierre Darroussin et Catherine Frot qu’on a décidément trop vus dans des rôles très proches : le bon bougre le cœur sur la main et la sœur de province un peu coincée.
Des hommes n’en a pas moins une grande qualité : parler de ces « événements » d’Algérie sur lesquels le pouvoir politique et le cinéma français ont longtemps voulu jeter un voile pudique. L’affirmation un brin simpliste selon laquelle, à la différence d’Hollywood et la guerre du Vietnam, le cinéma français aurait ignoré la guerre d’Algérie, est toutefois à tempérer. Il n’en reste pas moins que les films sur le sujet sont rares et plutôt mineurs. Des hommes a le mérite de traiter le sujet de front – même si paradoxalement, le livre ne cessait de répéter que « il n’y [avait] pas de mots pour dire cela ». Prenant le point de vue d’hommes du rang embarqués dans un conflit qui les dépasse, il filme avec beaucoup de justesse l’ennui des cantonnements, la vulgarité des comportements auxquels cet ennui émollient conduit et le déchaînement inattendu et sidérant d’une violence inhumaine.
Un film qui montre aussi le monde de « la campagne » d’ où vient la gros des jeunes du contingent ; un parfum de Mon Oncle d’Amérique – coopération Henri Laborit Alain Resnais et aussi l’Une chante l’autre pas ; un Monde où les enfants sans père connu sont des batards ??
Les traditions comme la boisson , le bordel ,les rixes – bastons- d’où l’on sort parfois estropié et puis la quille et encore la boisson …
Un moment marquant quand Feu de bois – à la campagne , chacun a son surnom – découvre, lors de sa première perm, la chambre d’hôtel qui lui est attribuée …il n’a jamais dormi dans « sa » chambre avec un grand lit pour lui tout seul …Il fallait partager avec les frères.
Un autre moment, quand reçu comme un frère par des Musulmans français , le père raconte la sienne de guerre , à Verdun ; et le jeune homme ne dira pas à ses copains soldats où il a passé l’après midi .
Question : est ce la Guerre d’Algérie et seulement Elle qui a ruiné la Vie de Feu de Bois et de beaucoup de ceux qui l’ont faite ??
Un film donc avec beaucoup de contenu ; je l’ai trouvé bien construit et filmé . les jeunes acteurs sont excellents : YoannZimmer , Edouard Sulpice , Félix Kysyl .