En 1924, l’Anglais Georges Mallory s’est lancé à la conquête de l’Everest, jusqu’alors invaincu. Son corps fut retrouvé à quelques encablures du sommet sans parvenir à déterminer s’il l’avait ou non atteint. Le développement de son appareil photo aurait permis d’élucider ce mystère. C’est à la poursuite de cet appareil que Fukamachi, un photographe japonais de montagne se lance plus de soixante ans plus tard. Son enquête le met en contact avec Habu Jôji, un alpiniste d’exception qui, après avoir signé des ascensions vertigineuses, avait mystérieusement disparu.
Le Sommet des dieux est d’abord un roman de Baku Yumemakura adapté en manga quelques années plus tard par Jiro Taniguchi. Son édition au Japon puis sa traduction en France remporta un vif succès : prix du meilleur dessin à Angoulême en 2005 et 380.000 exemplaires vendus.
Près de vingt ans plus tard, après que bien des adaptations eurent été envisagées (dont un film d’animation en images de synthèses co-réalisé par Eric Valli, l’auteur de Himalaya, l’enfance d’un chef), c’est finalement à Patrick Imbert, un animateur passé par l’Ecole des Gobelins [merci pour cette page de publicité locale] qui avait jusque là surtout participé à des films pour enfants (Ernest et Célestine, Le Grand Méchant Renard….), que le projet est échu. Je lis ici ou là que le résultat constitue la synthèse réussie de la ligne « claire » franco-belge et du manga japonais. N’y connaissant quasiment rien en BD, qu’il s’agisse de ligne claire ou de manga, je serais bien présomptueux d’affirmer le contraire.
Si je n’y connais rien en BD, j’aime beaucoup la montagne. Dans ma jeunesse, j’ai poussé le goût du risque jusqu’à gravir quelques sommets. L’âge venant, j’ai lu et regardé avec une vertigineuse fascination tout ce qui touche de près ou de loin à l’alpinisme. La Neige en deuil fut longtemps mon film préféré. La Mort suspendue reste mon récit de montagne favori. Les Survivants me donne encore des sueurs froides. Et Free Solo, Oscar 2019 du meilleur documentaire, m’a littéralement cloué sur mon siège.
Aussi je ne pouvais pas rater ce Sommet des dieux. Force m’est d’avouer que j’en ai hélas été déçu. Certes, l’histoire a du souffle qui joue à saute-moutons avec les époques, l’enquête autour de la mort de Mallory tournant vite court et le récit se focalisant sur la vie de Habu. Mais pour le reste, j’ai trouvé que l’animation n’apportait rien. Pire, elle enlevait à la haute montagne une part de sa majesté. Elle rendait mal compte de la souffrance des alpinistes, de leur essoufflement, de leur épuisement. Et, pire que tout, Le Sommet des dieux se réduit, malgré sa musique inspirante, à une description bien trop convenue de la passion obsessionnelle que la conquête des cimes inspire.
J’ai trouvé ce film à mon gout. La musique est particulièrement séduisante. Les personnages ont été à la hauteur de mes attentes. Cela dit, j’aurais préféré que le film se termine autrement…