Clémence Collombet (Isabelle Huppert) est la maire de la troisième ville du 9-3 (Aubervilliers ? Aulnay ?). Son second mandat arrive à son terme et, comme elle s’y était engagée, elle s’apprête à passer la main à sa première adjointe. Mais, flanquée de son fidèle directeur de cabinet (Reda Kateb), elle tient à mener à bien avant son départ le projet auquel elle tient depuis toujours : la rénovation du quartier des Bernardins. Pour y parvenir, elle doit décrocher la subvention de soixante-trois millions d’euros que le Gouvernement lui a promise.
La bande-annonce des Promesses ne vous aura peut-être pas donné l’envie délirante de le voir. Encore Isabelle Huppert vous êtes-vous dit en retenant un soupir ! Encore Reda Kateb dans le rôle d’un immigré de banlieue en mal d’intégration républicaine ! Encore un petit film français qui caricature la vie politique et ses compromissions !
Balayez vos a priori et courez voir Les Promesses. C’est peut-être le meilleur film du moment. Il est l’oeuvre de Thomas Kruithof qui avait signé en 2016 un polar politique injustement ignoré (La Mécanique de l’ombre). Son scénario est co-écrit par Jean-Baptiste Delafon, le co-créateur de Baron Noir, sans doute la meilleure série jamais réalisée sur la vie politique française.
Les Promesses a les mêmes qualités que Baron noir. Comme lui, il dépeint avec beaucoup d’intelligence et beaucoup de réalisme le quotidien de la vie politique : le dévouement des hommes (et des femmes ici) politiques, les dilemmes de l’engagement, les processus de décision ministérielle…. Il le fait sans jamais verser dans le manichéisme : le personnage joué par Isabelle Huppert est de ce point de vue remarquable – et l’interprétation de cette immense actrice, dont je dois respectueusement m’incliner devant le talent, est aux petits oignons – qui réussit en même temps à camper une personnalité altruiste dévouée au bien public et une ambitieuse qui s’ignore.
Comme lui, il multiplie les rebondissements au point de nous donner le tournis. Les Promesses, comme Baron noir, nous balade, sans nous dire où on va et à quoi il faut s’attendre. Ce pourrait être une faiblesse. C’est une force. Il n’y a rien de prévisible dans ce film dont on ignore quand on en lit le pitch quel en sera l’enjeu et a fortiori quel en sera le dénouement.
Comme lui, il parie sur l’intelligence des spectateurs. Accrochez vous à votre siège. ne vous laissez pas distraire. Et allez voir Les Promesses accompagné.e pour pouvoir en discuter ensuite !
Ravie de découvrir votre blog. Etant bien plus grande lectrice que cinéphile, j’apprécie de pouvoir découvrir vos avis argumentés qui peuvent aider à me guider dans mes choix de sorties. Ce film me tentait déjà, me voici convaincue ! (Dommage, en revanche, pour le film d’Edouard Baer, que j’irai sans doute voir quand même).
Merci de vos compliments qui me flattent !
Si je ne vous avais lu je serais pas allé voir « Les Promesses ». Pour les raisons que vous évoquez au début de votre critique. Et je serais passé à côté d’un très bon film. Les deux acteurs principaux y sont excellents. Les autres également. Sans qu’aucun ne surjoue. On y croit du début à la fin. Même le jeune énarque tête à claques est fidèle à ceux dont il s’inspire. J’en ai croisé quelques uns qui lui ressemblaient beaucoup et vous aussi, j’en suis sûr. Merci, une fois encore, de m’avoir poussé à aller voir ce film. Nous étions fort peu nombreux dans la salle et c’est bien dommage mais tous, à la sortie, semblaient conquis. Comme vous. Comme nous.
Effectivement, j’y suis allée hier soir – nous n’étions qu’une poignée – les comédiens sont très justes, et c’est surtout le scénario que j’ai trouvé fort bien écrit.
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