Le titre original de ce film est Maixabel, du prénom de son héroïne. Il est inspiré de son histoire. Maixabel Lasa est la veuve de Juan María Jáuregui, qui fut le gouverneur civil – l’équivalent d’un préfet en France – de la province basque de Guipúzcoa de 1994 à 1996 avant d’être assassiné par l’ETA le 29 juillet 2000 à Tolosa. Onze ans plus tard, après avoir rompu avec l’ETA, deux de ses assassins souhaitèrent rencontrer sa veuve.
La réalisatrice Icíar Bollaín (Yuli, L’Olivier) en a tiré un film qui a remporté un énorme succès en Espagne. Douze fois nommé aux Goyas – l’équivalent de nos Césars – il y a décroché trois statuettes dont celle de la meilleure actrice pour Blanca Portillo.
Les Repentis évoque l’une des pages les plus sensibles de l’histoire espagnole. Il n’est d’ailleurs pas toujours lisible à qui ne la connaît pas un peu. Auraient mérité quelques explications les allusions au procès de Burgos de 1971, intenté par le régime franquiste déliquescent contre seize membres de l’ETA qui a galvanisé le mouvement nationaliste, aux GAL, les milices paramilitaires qui, en dehors de tout cadre légal, ont combattu l’ETA dans les 80ies, à l’affaire Laza et Zabala du nom des deux premiers membres de l’ETA enlevés, torturés et assassinés par les GAL en 1983 et au général Galindo, un haut gradé de la Guardia Civil responsable de ces deux meurtres.
Mais Les Repentis a une portée universelle. Il traite de la culpabilité et du pardon, des conditions dans lesquelles les coupables la reconnaissent et le sollicitent de leurs victimes, des conditions aussi dans lesquelles celles-ci sont disposées à l’accorder.
Car il faut autant de courage à Maixabel qu’aux assassins de son mari pour accepter cette rencontre. Les assassins de l’ETA se voient reprocher par leurs camarades de détention de trahir leur lutte et leur idéal. Quant à Maixabel, elle doit elle aussi vaincre la réprobation de son entourage qui lui reproche de tendre la main aux assassins de son mari.
La rencontre tant attendue est peut-être moins intéressante que ce long processus qui y conduit. Mais elle ne constitue pas le point d’orgue du film. Les Repentis réussit à nous surprendre par un épilogue poignant, hymne à l’humanité, au pardon et à la réconciliation auquel seuls les plus acariâtres reprocheront sa bien-pensance.