Pearl ★★★☆

En 1918, au Texas, Pearl est une jeune fille en fleurs dont le mari parti à la guerre ne donne plus de nouvelles. Pearl étouffe à la ferme entre une mère tyrannique et un père paralysé par une attaque cérébrale. Une audition se tient dans quelques jours où elle compte concourir qui lui permettrait de réaliser son rêve : monter sur scène, quitter cette bourgade et devenir enfin une star.

Pearl est le deuxième volet de la trilogie réalisée par Ti West. Le premier, X, se déroulait en 1979 au Texas dans la ferme de Pearl et d’Howard, un couple de septuagénaires qui se révélaient être de dangereux criminels érotomanes. Pearl est le prequel de X qui raconte comment Pearl, l’hideuse nymphomane du premier volet fut jadis une ravissante jeune fille avant de sombrer dans la folie.

Pour des raisons que je ne comprends pas, Pearl, qui fut directement tourné, en Nouvelle-Zélande, dans la foulée de X, est sorti directement en vidéo en France. C’est à l’occasion de la sortie en salles avant-hier de MaXXXine, le troisième volet de la trilogie, que quelques cinémas à Paris et en province (Marseille, Saint-Etienne, Bayonne…) font le choix pertinent de le programmer.

Autant j’ai été peu convaincu par X et par MaXXXine, autant j’ai été enthousiasmé par Pearl. Le premier film de la trilogie, particulièrement sanglant – il est interdit en France aux moins de seize ans – est un remake paresseux de massacre à la tronçonneuse, qui met en scène une demi-douzaine de jeunes gens partis tourner un film porno en Super-8 dans une ferme isolée du Texas avant d’être sauvagement assassinés les uns après les autres. Le troisième film de la trilogie, moins traumatisant – il n’est qu’interdit aux moins de douze ans – se perd dans une improbable enquête policière à la recherche d’un tueur en série dans les rues poisseuses du Los Angeles des années 80.

Le deuxième est tout entier resserré autour de son héroïne et ne raconte qu’une chose : comment Pearl sombre lentement dans la folie. Son parcours est à la fois logique et monstrueux. Pearl est le produit de son milieu et de son hérédité : c’est une jeune fille charmante, douée, qui nourrit l’espoir légitime de « vivre la vie qu’elle mérite » – la formule reviendra dans MaXXXine – et de quitter la ferme qui l’a vue naître. Le cinématographe, un art nouveau à l’époque, cristallise ses fantasmes et ses rêves de célébrité.

Mais cette peinture banale d’une entrée dans l’âge adulte conventionnelle dérape. Il y a chez Pearl quelque chose qui ne tourne pas rond, une déviance criminelle qui l’a conduite à s’en prendre d’abord à des animaux inoffensifs avant de tourner sa rage vers des proies plus grosses.

Mia Goth, qui a participé à l’écriture du scénario avec Ti West, est de tous les plans de cette histoire, ramassée sur quelques jours à peine. On lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Elle incarne à merveille une saine jeune fille américaine au sourire Ultra-Brite. Mais sous le vernis des apparences, la folie sourd. On la remarque à quelques détails annonciateurs. Son explosion est impressionnante.

La bande-annonce

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