Séduite par sa fragilité et par sa douceur, Agnès Varda, la soixantaine, a consacré un documentaire à Jane Birkin, sa cadette. Dans la foulée elle a tourné la fiction dont l’actrice avait rédigé l’ébauche du scénario, Kung-fu Master. Les deux films sortaient en même temps, à une semaine d’intervalle à la fin de l’hiver 1988.
Jane pourrait être la petite sœur d’Agnès, ou sa grande fille. Entre les deux femmes, on sent une complicité chaleureuse, une sororité émouvante. Jane Birkin, dont le statut de nymphette acquis aux côtés de Gainsbourg dans les 70ies, avait donné l’image d’une starlette scandaleuse, se révèle une femme pudique, secrète. Agnès V. lui demande de vaincre cette pudeur, de regarder la caméra dans les yeux et de se livrer. Jane B. l’accepte avec un bel abandon. Les mots qu’elle a pour ses compagnons, pour ses trois filles sont profondément touchants.
Jane B. par Agnès V. n’est pas un documentaire classique, une biographie sage passant chronologiquement en revue la carrière d’une actrice. D’Agnès Varda, on pouvait attendre autre chose. Et on n’est pas déçu.
Agnès V. entrelarde son documentaire de séquences fictionnelles pas toujours convaincantes. On y voit Jane Birkin jouer de petites saynètes avec Jean-Pierre Léaud, Philippe Léotard, Farid Chopel ou Alain Souchon… et on se sent bien vieux.
Les moments les plus réussis du documentaire sont ceux qui nous font pénétrer dans l’intimité de Jane B.. Elle nous ouvre les portes de sa maison, dans une paisible arrière-cour parisienne, choisie, on l’imagine, pour se protéger du tumulte urbain. Jane y déambule de pièce en pièce, en décrivant les objets qui les remplissent, en racontant leurs histoires. Ces riens pourraient être insignifiants ; ils sont bouleversants.