Samuel Sandberg (Jérémie Rénier) vend la cave familiale de son appartement parisien. M. Fonzic (François Cluzet) s’en porte acquéreur : se présentant comme un ancien professeur d’histoire, il affirme vouloir y entreposer les affaires de sa mère récemment décédée alors qu’il y élit bientôt domicile. Alarmé par son comportement suspect, Samuel découvre vite la vérité : M. Fonzic a été renvoyé de l’Education nationale pour négationnisme et vit à la rue. Mais, il est trop tard pour annuler la vente.
Après les riantes locataires des combles – Les Femmes du sixième étage – Philippe Le Guay plonge dans les souterrains d’un immeuble pour compléter son portrait microcosmique, façon Pérec, de la vie parisienne. Alors que l’action des Femmes… se déroulait dans les années soixante, L’Homme de la cave est contemporain et traite de front le négationnisme et son inévitable corollaire, le complotisme. Excellemment interprété par le toujours excellent François Cluzet, M. Fonzic, le cheveu gras, le pardessus fatigué, répète le mantra de tous les négationnistes et autres covido-sceptiques : « penser par soi-même », « interroger les vérités officielles » « se poser les bonnes questions »….
M. Fonzic s’immisce dans la vie des époux Sandberg et rend leur vie impossible. Se sentant le seul responsable de cette présence encombrante, Samuel prend tout sur lui, contacte sans succès une succession d’avocats tandis que sa femme, Hélène (Bérénice Béjo), plonge dans le passé refoulé de sa belle-famille. David (Jonathan Zaccaï), le frère de Samuel, propose son aide sans succès. Les relations avec la copropriété se tendent. Le charme doucereux de M. Fonzic menace de contaminer Justine, la fille de Samuel et d’Hélène. On aura vite compris la métaphore, pas toujours légère : le négationnisme est un cancer qui sape nos fondations et met à mal le lien social.
L’Homme de la cave est un feel-bad movie. C’est un film qui rend mal à l’aise, qui distille tout du long des ondes négatives. C’est un film déplaisant qui n’a pas vocation de plaire. Pas évident d’attirer les spectateurs qui, à tort ou à raison, lui préfèreront des films plus souriants – et il n’en manque pas ces temps ci sur les écrans. D’autant que sa conclusion est bâclée et ratée : les trois co-scénaristes ne savaient manifestement pas comment le terminer et ont choisi l’option la plus paresseuse.