Extraordinaire vitalité du cinéma roumain ! Après Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours), après Corneliu Porumboiu (12h08 à l’est de Bucarest), après Calin Peter Netzer (Mère et fils), voici Adrian Sitaru. Ce quarantenaire creuse la même veine que ses collègues : le rapport de l’individu au groupe dans une société sans repères qui peine à tourner la page du communisme.
Un repas de famille réunit un médecin récemment veuf, ses quatre enfants, leurs compagnons. L’alcool aidant, les langues se délient. Le père avoue à ses enfants scandalisés qu’il avait empêché des femmes d’avorter au temps du communisme. Ses jumeaux Sasha et Roméo entretiennent une relation incestueuse. Sasha attend un enfant de son frère. Elle l’avoue à son père. L’encouragera-t-il à avorter ?
On l’aura compris : Illégitime traite de sujets lourds (l’avortement, l’inceste). Il le fait dans une forme haletante, quasi documentaire, en longs plans-séquences filmés très serrés de réunions de famille qui dégénèrent en foire d’empoigne. Aucun plan de coupe entre les scènes qui laisserait au spectateur le temps de reprendre son souffle. On pense à Pialat ou à Lars von Trier.
La conclusion du film n’est pas son point fort. Trop apaisée, trop optimiste. Mais on n’oubliera pas de sitôt la figure de Sasha, déchirée entre l’amour gémellaire de son frère et le respect dû à son père.
Ping Baccalauréat ★★★☆ | Un film, un jour