War Pony est le portrait croisé de deux Indiens lakota qui vivent dans la réserve de Pine Ridge au Dakota du Sud. La casquette vissée sur la tête, Bill, la vingtaine, vit aux crochets de sa grand-mère sans guère s’occuper de son fils. Il vit de petits trafics minables et s’est mis en tête d’élever des caniches de race avant de trouver à s’employer chez un riche Blanc. Matho, douze ans à peine, est laissé à lui-même après la mort brutale de son père. Il va trouver refuge dans une curieuse maison dont la propriétaire offre un toit à des orphelins comme lui en les employant comme dealers.
War Pony est né d’une rencontre, celle de l’actrice Riley Keough – la petite-fille du King Elvis Presley – avec deux chefs Indiens lakota lors du tournage de American Honey d’Andrea Arnold en 2015, un film que je n’avais pas aimé malgré ses excellentes critiques. À partir de leurs récits de vie et de ceux d’autres membres de la communauté, Riley Keough a écrit un scénario aidée de Gina Gammell qui co-réalise avec elle War Pony. Le résultat s’en ressent qui se situe à égale distance du documentaire et de la fiction.
War Pony est une ethnofiction qui n’évite pas parfois le misérabilisme. Rien n’est épargné à nos jeunes héros qui vont d’une avanie à l’autre sans espoir de rémission.
Le film, qui dure près de deux heures, a un rythme lent auquel on aurait tort de reprocher la langueur. Car ce rythme est emblématique de vies engluées dans un morne ennui. Autre reproche qu’on pourrait ou pas lui adresser : celui de l’entrelacement de ces deux récits, sous la forme d’un film choral à deux voix (pourquoi deux ? et pas trois ? ou quatre ?) mais dont je dis et je redis qu’il s’agit d’un procédé diablement efficace pour rythmer un scénario et en enrichir l’horizon.
Dernier reproche dont là encore, sitôt formulé, j’interroge la pertinence : War Pony a le défaut (rédhibitoire ?) d’arriver après les films de Chloé Zhang Les chansons que mes frères m’ont apprises (2015) et The Rider (2017) qui se déroulaient exactement au même endroit. J’ai du mal à dire lequel de The Rider et de War Pony est le meilleur film (je les classe ex aequo avec deux étoiles chacun) ; mais celui-ci a le défaut d’arriver après celui-là et ne plus posséder l’originalité de son prédécesseur.