L’État de Virginie, ainsi que seize États du Sud des États-Unis, a longtemps interdit les unions interraciales. C’est seulement en 1967 que la Cour suprême, saisie par les époux Loving, a censuré cette législation.
La question raciale ne cesse d’interroger le cinéma américain. Quelques semaines après The Birth of a Nation, quelques jours avant Fences de Denzel Washington ou I am not your Negro de Raoul Peck, c’est au jeune réalisateur surdoué de Take Shelter, Mud et Midnight special de filmer l’un des procès les plus célèbres de l’histoire constitutionnelle des États-Unis.
Le problème de Loving est que, précisément, Jeff Nichols se désintéresse du procès auquel il consacre à peine quelques minutes. Il ne dit rien des arguments juridiques échangés de part et d’autre ou des débats qui se sont tenus devant la Cour suprême. Nous n’apprendrons rien non plus sur le combat pour les droits civiques qui agite la société américaine des années 60.
Le sujet du film, le seul, c’est celui que le titre et l’affiche du film annoncent : l’amour qui unit les bien-nommés Mr and Mrs Loving. L’argument est puissant, quasiment irréfragable : si la loi prohibant le mariage interracial est injuste, c’est tout simplement parce que Richard et Mildred Loving s’aiment.
Joel Edgerton, une masse de muscles taiseuse constamment occupée de ses mains, et Ruth Negga, une « brindille » rayonnante qui dit tout haut ce que son mari pense tout bas, sont l’un et l’autre parfaits dans leurs rôles – même si leur couple trop sage ne produit pas d’étincelle. Ce n’est donc pas eux qu’on blâmera pour le manque d’ambition de ce film qui, à force de se resserrer sur son sujet, à force de priver les personnages secondaires de toute existence, finit paradoxalement par en briser le bel élan.