Midnight Special ★★★☆

Notre époque est à l’ironie. Il ne faut rien prendre au sérieux, sauf à passer pour un  barbon sentencieux. Il ne faut rien présenter sans l’agrémenter d’un trait d’humour, sauf à passer pour un pisse-vinaigre.

Le cinéma est à l’image de notre temps. Et je ne parle pas là de la comédie qui a toujours été – et qui reste – un genre cinématographique à part entière. Je parle de la présence obligée dans la quasi-totalité des films hollywoodiens d’une ironie plus ou moins appuyée. Prenez l’exemple des films de super-héros. Pas le moindre humour chez Superman (sauf son justaucorps moulant… mais je ne suis pas sûr que cet humour-là était volontaire). Alors qu’aujourd’hui, les films de super-héros deviennent de franches déconnades : Les Gardiens de la Galaxie, Kick-Ass, Deadpool

Pourquoi cette longue introduction ? Pour souligner le culot de Jeff Nichols de signer un film totalement dépourvu d’humour. On a beaucoup dit que Midnight Special ressemblait aux films des années 80, aux grands succès spielbergiens : Rencontres du troisième type, E.T. ... Par les thèmes qu’il brasse : la force des liens familiaux, l’extraterrestre bienveillant. Par le recours à des effets spéciaux bricolés, faits main. Mais, ce qui m’a le plus frappé, c’est le sérieux du film.

Un sérieux qui pourrait presque… prêter à rire. Car le scénario de Midnight Special n’est pas piqué des hannetons. Un père fuit avec son fils. Ils sont poursuivis par la police et par les adeptes d’une secte millénariste. Les premiers voient dans l’enfant, doté de pouvoirs surnaturels, une arme terrifiante ; les seconds leur sauveur.

On imagine avec horreur de quelle « new agerie » boursouflée un réalisateur moins doué que Jeff Nichols aurait pu accoucher à partir d’un scénario aussi grandiloquent. Or, le réalisateur de Mud et de Take Shelter parvient à nous faire croire à cette histoire délirante. Les premières minutes du film sont un modèle du genre, qui nous plongent instantanément dans l’intrigue. Et l’épilogue, la rencontre avec des êtres venus d’ailleurs, passage casse-gueule au possible depuis Rencontres du troisième type, 2001 et Contact (cherchez l’intrus), réussit à nous étonner et à nous émouvoir.

La bande-annonce

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