Arthur de Pins a écrit et dessiné Zombillénium. Lancé par Spirou, publié ensuite chez Dupuis, décliné en trois tomes, couronné en 2012, Zombillénium poursuit sa carrière au cinéma.
Zombillénium porte le nom du parc d’attractions où l’essentiel de son intrigue se déroule. Ce lieu est aussi paradoxal qu’excitant. Il est peuplé de sympathiques créatures diaboliques : des zombies, des vampires, des fantômes, unis contre les humains par leur condition d’immortels, mais opposés entre eux par une haine atavique. Zombillénium a pour héros Hector Sachs (Aurélien Zahner dans la BD), un humain que les premières images ne rendent guère sympathiques : un employé de l’administration qui consacre plus d’énergie à son travail qu’au bien-être de sa fille qu’il dépose au pensionnat avant de se rendre à Zombillénium qu’il s’est mis en tête de faire fermer pour non-conformité aux normes de sécurité (critique implicite d’une société hyper-hygiéniste où le respect scrupuleux des règlements viendrait tuer dans l’œuf le plaisir ?). Mais, sitôt passé de vie en trépas, et employé derechef au stand de barbe-à-papa, notre héros devient positif.
Ses réalisateurs ajoutent à Zombillénium une dimension sociale et politique que la bande dessinée n’avait pas. Le film d’animation se déroule dans une région désindustrialisée du Nord de la France. Les habitants du village voisin, noyé dans un frimas grisâtre, fréquentent le bistro du coin en y tenant des propos volontiers xénophobes. Comme l’expose en quelques plans d’une rare efficacité un générique qui constitue un modèle du genre, le parc d’attractions a été construit sur le site d’une ancienne mine et ses employés sont d’anciens mineurs tués lors d’un coup de grisou.
Pour faire avancer l’intrigue, les réalisateurs de Zombillénium ont recours à des ressorts… marxistes. D’un côté des rivalités de classe opposent entre eux les employés du parc. Les vampires, au charme venimeux tout droit importé de Twilight, se sentent plus proches des humains que les zombies, que les pantomimes empruntées au Thriller de Michael Jackson ne font plus rire. De l’autre d’infâmes capitalistes se sont mis en tête de redresser la rentabilité du parc et somment son directeur, le sympathique Francis von Bloodt, de le faire en licenciant les zombies. Comme de bien entendu, Hector, aidé de Gretchen, une sorcière aux super-pouvoirs, et de Sirius, un cadavre cool, viendra à bout de ces sombres desseins – et retrouvera l’amour de sa fille.
On l’aura compris : Zombillénium vise un public d’enfants mais ne s’interdit pas de divertir les parents qui les accompagnent. Présenté en sélection officielle à Cannes, Zombillénium sera projeté au festival d’Annecy avant de sortir sur les écrans le 18 octobre 2017.