Une femme est assise dans un café et écrit sur son ordinateur. Autour d’elle des couples discutent de sujets graves : la mort, le suicide, la précarité…
Hong Sangsoo est un cinéaste prolifique. Il a tourné pas moins de quatre films en 2017 qui sont sortis en ordre dispersé sur nos écrans : Le Jour d’après, La Caméra de Claire, Seule sur la plage la nuit et enfin Grass.
Avec une telle productivité, pas étonnant que son cinéma bégaie. Paraphrasant Verlaine, Hong Sangsoo tourne et retourne ni tout à fait le même ni tout à fait un autre film.
Chacun de ses films met en scène d’interminables discussions de café filmées en plans larges – avec un usage du zoom qui donnent parfois la nausée. Chacun donne le premier rôle à la belle Kim Min-hee, la muse du réalisateur à l’écran et sa compagne à la ville. Chacun se déroule dans le milieu de l’art ou du cinéma. Chacun s’organise autour d’histoires d’amour malheureuses ou de vies brisées.
Grass n’échappe pas à cette répétition. Seule innovation : l’usage de la musique classique (Schubert, Wagner, Offenbach, Pachelbel…) qui résonne dans le café où les personnages prennent place au point d’en couvrir le bruit des conversations.
Les fans de Hong Sangsoo adoreront. Ils s’interrogeront sur l’héroïne : retranscrit-elle les scènes dont elle est le témoin silencieux ? ou les invente-t-elle ? Ils salueront son évolution : elle sort peu à peu de son isolement pour accepter de partager la table de ses voisins.
Quant aux autres, ils trouveront bien longues les soixante-six minutes du film et, prenant des résolutions de nouvelle année qu’ils ne tiendront pas, éviteront de s’infliger la même purge en 2019.