Dans une grande propriété sicilienne, Anna (Juliette Binoche) pleure la mort de Giuseppe, son fils. Débarque Jeanne, la petite amie du défunt, qui ignore tout du drame qui vient de se jouer.
Le scénario de « L’attente » n’est guère crédible. Comment imaginer que Jeanne arrive chez Giuseppe sans être alertée par son silence ? Comment croire qu’elle ne se doute de rien lors de son installation et qu’elle ne croise personne qui lui vende la mèche ?
Cette incohérence constitue un vice originel dont « L’attente » a du mal à se relever.
Et c’est bien dommage.
Car « L’attente » s’essaie à filmer un silence. L’incapacité, l’impossibilité d’une mère accablée de chagrin, à annoncer la mort de son fils à son amoureuse. Elle pourrait accueillir Jeanne avec une simple phrase « Giuseppe est mort ». Cette phrase qu’on attend pendant 1 heure 40.
C’est cette attente qui fait tout l’intérêt du film. Qui en fait aussi toute la longueur qu’on pourrait estimer excessive.
On touche ici à une différence irréductible entre le roman et le cinéma. Une attente en littérature peut être analysée, expliquée : « Anna n’annonça pas à Jeanne la mort de Giuseppe parce que… ». C’est plus difficile au cinéma.
Piero Massina, le jeune réalisateur de « L’attente » n’y parvient pas. Mais on lui saura gré d’avoir essayé.