Professeure de philosophie dans un grand lycée parisien, directrice de publication chez un éditeur renommé, mariée et mère de famille, Nathalie donne l’image d’une vie réussie. Mais tout se délite. Son mari (André Marcon) la quitte pour une jeunesse. Sa mère (Édith Scob) qui perd la tête doit être placée en maison de retraite. Son éditeur veut donner un coup de jeune à ses livres trop austères. Un ancien élève converti à l’anarchisme lui reproche ses préjugés bourgeois.
Mia Hansen-Løve – dont j’avais adoré Tout est pardonné – narre avec une douce amertume l’engloutissement d’une vie. Isabelle Huppert est, comme elle en a l’habitude, parfaite dans le rôle – même si je suis las de sa voix flûtée et de sa maladive maigreur. Malheureusement, le reste de la distribution n’est pas au diapason qui ânonne sans toujours le comprendre un charabia pseudo-philosophique.
Plus grave encore : il manque à L’Avenir un fil, une tension. À force de refuser la facilité de la dramatisation (on aurait pu imaginer une idylle entre Nathalie et son ancien élève ou une altercation avec la maîtresse de son mari), Mia Hansen-Løve réduit son histoire à une banale succession d’événements sans intérêt qui aurait pu durer trente minutes de plus ou de moins.
En voilà une exécution sommaire!
Comme vous l’écrivez, il s’agit d’un film de genre, du genre qui refuse la dramatisation et qui esthétise une banale succession d’évènements sans intérêts. Je déduis de votre unique étoile, que l’esthétisme ne vous a pas convaincu (nous sommes d’accord, reprocher à ce film de ne pas avoir succombé à la mode cougar ou à la mode guerre des Roses, c’est un peu reprocher à une nature morte de ne pas offrir un joli paysage marin?).
Pour ma part, j’ai accroché, et notamment :
-au traitement de la rupture : fondamentalement, elle en avait marre de son mari réac, bedonnant, qui écoutait toujours la même musique et qui lui reprochait depuis 25 ans sa courte jeunesse communiste. Ce qui l’attriste c’est de perdre ses Levinas et sa maison de vacances. Ce qui est blessé, ce n’est pas la femme mais l’amour propre . Ce qui la trouble, c’est le changement de routine. « Tu as rencontré quelqu’un? Et tu es obligé de me le dire? » Bien vu selon moi.
-A la relation avec son ancien élève. Assez de l’hypersexualisation qui tourne mal notre esprit : ainsi que l’a très bien compris son fils, cet ancien élève est son fils spirituel, celui dont elle a accouché dans sa classe de philo. Oui elle l’aime, d’un amour filial. Oui elle est triste, comme toute mère, de la voir grandir et prendre son indépendance (amoureuse, intellectuelle et financière, puisqu’elle ne peut plus lui offrir de publication), ce qui la renvoie à sa propre vieillesse.
– A la relation avec sa mère : la scène avec le prêtre est particulièrement belle, qui éclaire en quelques mots le lien qui les unit.
Après je vous accorde volontiers les ânonnements maladroits des textes philosophiques, pourtant bien choisis, mais joué d’une façon affreusement empruntée! Exception faite du cours dans les buttes Chaumont.
Bonne semaine
En voilà un commentaire pertinent avec lequel je n’arrive pas à être en désaccord au risque de rendre incompréhensible la sévérité de ma propre critique.
Sur la rupture, comment interprétez-vous la scène où, passagère d’un bus, elle voit son mari au bras de sa nouvelle compagne, réagit par un éclat de rire puis fond en larme ? Surprise ? Tristesse ?
Merci de votre réponse : je suis content si vous jugez désormais ce film avec un petit peu plus d’indulgence.
A vrai dire, je ne me souviens de cette scène dans le bus que des pleurs liés à son deuil, puis, de son exclamation lorsqu’elle entraperçoit son mari (effectivement de surprise pour moi et au risque de sur interpréter: « c’est le pompon: non seulement j’ai perdu ma maman mais je ne peux même plus pleurer tranquillement dans le bus, il faut que je le croise, lui, en train de se pavaner avec sa petite grue. Et en plus il est ridicule de s’afficher avec cette jeunesse »). Il me semble que la scène s’arrête après cette exclamation.
Mais pour revenir aux faiblesses indéniables de ce film, au delà de certains clichés qui m’ont fait sourire ( Isabelle en train de lire de la philo en petite robe, allongée à même le sol dans un champs de blé : ça pique la folle avoine et les bestioles!), Roman Kolinka était quand même bien mauvais et pas crédible pour deux sous en normalien.
Bonne continuation pour ce blog qui guide souvent mes (rares) sorties cinématographiques!