Ce qu’il reste de la folie ★☆☆☆

La maladie psychiatrique est-elle la même sous toutes les latitudes ? Est-on fou de la même façon en France et au Sénégal ? Des milieux sociaux et familiaux différents provoquent des troubles mentaux différents qui appellent des traitements différents. Tel est le postulat de base de l’ethnopsychiatrie vulgarisée en France par Tobie Nathan.

Joris Lachaise est allé tester ces hypothèses à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye près de Dakar. J’y ai passé trois années (à Dakar pas à l’hôpital) et j’ai retrouvé dans ce documentaire les lumières du Sénégal, les intonations du wolof.

Les milieux fermés (prisons, hôpitaux, asiles, bateaux…) sont du pain bénit pour le documentariste. Il lui offre une unité de lieu rassurante et lui garantit la collaboration, plus ou moins forcée, de ses occupants.

Raymond Depardon avait filmé un asile en Italie (San Clemente, 1982) ; Wang Bing en Chine (À la folie, 2013). Que cherchaient-ils à (dé)montrer ? Un tableau bouleversant de la souffrance humaine ? Une entreprise foucaldienne de domestication des corps ?

Le documentaire de Joris Lachaise n’a pas une telle ambition. D’ailleurs il n’en a guère et c’est son principal défaut. Il montre des scènes terribles et marquantes de maltraitance, de folie, d’exorcisme : on n’oubliera pas ce malade qui raconte comment il a égorgé sa mère, ou cet autre, d’une folle intelligence, qui disserte sur le conflit israélo-palestinien et la Françafrique. Mais ce documentaire ne démontre rien. On en sort sans réponses aux questions passionnantes que soulève l’ethnopsychiatrie.

La bande-annonce

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