La jeunesse allemande que décrit Jean-Gabriel Périot dans ce documentaire est celle du post-nazisme soixante-huitard. Des enfants qui questionnent leur père : « Que faisais-tu en 1942 ? » « Ne ressens-tu aucune responsabilité ? »
La révolte de cette jeunesse contestatrice reste sympathique tant qu’elle emprunte des voies pacifiques : performance, street art, agit-prop… Elle devient plus inquiétante quand elle verse dans la lutte armée. Car la jeunesse allemande, que ce documentariste présente à un public français qui la connaît mal, est celle de la bande à Baader et sa dérive dans une violence nihiliste.
La figure d’Andreas Baader, rarement filmée, reste dans l’ombre. Celle d’Ulrike Meinhof prend toute la lumière. À peine sortie de l’adolescence, elle est invitée sur les plateaux où d’austères gérontes écoutent poliment ses argumentaires ciselés contre le capitalisme. Réalisant son impuissance, elle décide de passer dans la clandestinité. Son parcours, si logique et si absurde à la fois, fut celui d’une fraction de la jeunesse allemande hier. Il pourrait être celui d’une partie de la jeunesse française, révoltée à tort ou à raison contre le « système », aujourd’hui.
Ping Retour à Reims (fragments) ★★☆☆ | Un film, un jour