Swagger ★☆☆☆

Olivier Babinet filme onze collégiens à Aulnay-sous-Bois. Régis, le roi de la sape, Aissatou la Sénégalaise trop discrète, Paul qui vient de Pondichéry, Elvis qui veut devenir chirurgien…

Il faut écouter ce que ces ados, loin des préjugés qu’on en a, ont à nous dire. La première chose est la plus préoccupante : la rupture radicale et peut-être définitive avec les Français « de souche ». Pas un seul « Gaulois » dans « Swagger » – sinon la silhouette muette d’un enseignant. Les Blancs ont déserté Aulnay. Et les enfants, Noirs au Arabes, font le constat désabusé de leur désertion.

La seconde est plus réjouissante. Ces jeunes ont du swag, du style et du cran. Il faut écouter Régis raconter avec truculence un épisode des Feux de l’amour ou comparer le style vestimentaire de Barack Obama ou de François Hollande. Il faut écouter la frêle Naïla se lancer dans une critique désopilante de Mickey et de Barbie.

Des films ou des documentaires sur des ados de banlieue, on en a vu treize à la douzaine. Plus ou moins réussis. De « Bandes de filles » de Cécile Sciamma à « Entre les murs » de Laurent Cantet (qui, certes se déroulait dans un collège parisien intra muros … mais ne mégotons pas !) en passant par « Divines » « La Vie en grand » ou « Les Héritiers ». De « La Cour de Babel », l’excellent documentaire de Julie Bertuccelli sur une classe d’adaptation à « Elektro Mathematrix » l’euphorisante comédie musicale de Bianca Li. Et c’est bien là que le bât blesse.

« Swagger » hésite entre deux partis. Le premier, le plus classique, est celui du documentaire qui nous donnerait à entendre la parole de ces jeunes. Le second, plus audacieux, est celui de l’exercice de style qui projette d’Aulnay et de son urbanisme sans charme une image presque poétique, grâce à des vues aériennes, des jeux d’ombre et de lumière, des ralentis, une bande son très sequencée. Faute de choisir entre ces deux options, « Swagger » se condamne à un entre-deux qui le dessert.

La bande-annonce

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