En amont du fleuve ★★☆☆

Dans un port croate quasi-désert, deux hommes, la cinquantaine, louent un bateau. On apprendra bientôt qu’ils sont frères, que la mort de leur père vient de leur révéler leur lien de filiation, et qu’ils se rendent sur les lieux où celui-ci se serait donné la mort dans d’obscures circonstances.

Le dernier film de Marion Hänsel, une réalisatrice belge à la filmographie éclectique dont j’avais beaucoup aimé Dust en 1985, ne paie pas de mine. Pendant sa première moitié, il ne s’y passe rien. Ou presque. Olivier Gourmet et Sergi Lopez, excellents l’un comme l’autre, mais peut-être trop connus pour des rôles qui auraient mieux convenus à de parfaits anonymes, sifflent des bières dans un bateau. L’un d’eux tombera-t-il à l’eau ? Même pas. Pendant près de quarante-cinq minutes, Marion Hänsel ne cède pas à la facilité de troubler leur lente odyssée par un événement accidentel. Le film aurait pu durer ainsi tout du long. Il aurait fait une belle balade poétique dans les paysages somptueux et désertiques de la Croatie. Sans doute un chouia ennuyeuse.

Mais Marion Hänsel fait accoster ses personnages. Ils partent en randonnée, vers un monastère inaccessible près duquel leur père se serait suicidé. Là encore, la nature est belle et farouche. Une rencontre vient élargir le trio. Un Irlandais parlant français avec un fort accent. On se félicite que le film quitte le rythme ennuyeux dans lequel il menaçait de sombrer. Mais on craint tout autant qu’il ne bifurque vers un polar inutilement rebondissant.

Mario Hänsel évite ces deux écueils symétriques. Elle donne à la balade panthéiste façon Terence Malick juste ce qu’il faut de substance pour lui éviter de périr dans l’insignifiance. Mais elle ne le complique pas au point de lui faire perdre son sens. Une fois la vérité, tristement banale, découverte, nos deux héros prennent le chemin du retour. Tout simplement.

La bande-annonce

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