Une fratrie se réunit au chevet d’un père mourant dans une villa nichée au bord de la Méditerranée. Armand (Gérard Meylan) n’a pas quitté Marseille et y a repris le petit restaurant tenu par ses parents. Angèle (Ariane Ascaride) n’y était plus revenue depuis vingt ans et la mort tragique de sa fillette. Jospeh (Jean-Pierre Darroussin) vient de perdre son emploi et cache derrière un humour de face une profonde dépression que sa « trop jeune fiancée » Bérangère (Anais Demoustier) ne supporte plus.
J’aurais aimé adorer le vingtième film de Robert Guédiguian, accueilli par une critique dithyrambique. De nombreux amis sont déjà allés le voir, l’ont aimé et attendent avec impatience ma critique – ou ont du moins l’amitié de me le laisser croire. Je vais immanquablement les décevoir et passer à leurs yeux pour un pisse-vinaigre. J’aurais aimé conseiller aux autres ce film méditerranéen baigné d’une belle lumière hivernale, joué par une brochette d’acteurs qui, de film en film, nous sont tous devenus familiers. Un film sur la mort qui approche et sur un sentiment difficile à filmer qui pourtant traverse l’œuvre de Robert Guédiguian: la nostalgie.
Hélas, La Villa m’a déçu. J’en attendais trop peut-être. J’ai trouvé son scénario paresseux qui ne réussit pas à donner du corps à cette fratrie et se voit obliger de lui adjoindre des facteurs extérieurs : un couple de voisins arrivés au terme de leur vie, leur fils, médecin à la ville, qui s’enflamme pour Bérangère, un pêcheur-poète qui s’enflamme pour Angèle et enfin un trio d’enfants migrants échoués, on ne sait comment, sur les rives de l’Estaque (vous en avez beaucoup vu des bateaux d’immigrés sur les rives de l’Estaque ?!).
Plus grave que les faiblesses du scénario, celle du jeu des acteurs est, de film en film, de plus en plus criante. Le fait que Guédiguian se soit attaché toute une bande de copains pour jouer, depuis plus de trente ans, dans ses films ne saurait le dispenser de les diriger. C’est une catastrophe. Chacun est abandonné à ses pires défauts. Ariane Ascaride déclame des dialogues trop écrits. Robinson Stevenin cabotine. Jean-Pierre Daroussin nous ressert le personnage mille fois vu du sarcastique dépressif. Même la lumineuse Anais Demoustier – pour laquelle je nourris une passion cachée – est surprise en flagrant délit de minauderie.
La Villa n’est pas un mauvais film. Mais ce n’est pas le meilleur de Robert Guédiguian. Je lui avais de loin préféré Les Neiges du Kilimanjaro fin 2011.
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