Chris The Swiss ★★★☆

Christian Wurtemberg était suisse. Journaliste de guerre, il avait rejoint la Croatie en octobre 1991. Il trouva la mort dans des circonstances mystérieuses en Slavonie, sur le front serbe, après avoir rallié un groupe de volontaires internationaux.
Anja Kofmel avait dix ans à peine lorsque son cousin est mort. Devenue réalisatrice, elle mène l’enquête sur sa mort en interviewant sa famille et en se rendant en Croatie.

« Chris the Swiss » était le surnom bon enfant donné à Christian Wurtemberg dans les rangs de la milice croate qu’il avait ralliée. C’est le titre bon enfant d’un film exceptionnel. Il s’agit d’un documentaire qui raconte une « guerre sale », celle qui opposa la Serbie et la Croatie au moment de la Yougoslavie. Il le fait par la bouche de la réalisatrice qui se met volontiers en scène dans sa quête, sans jamais verser dans l’exhibitionnisme ou le sentimentalisme. Pour les scènes de flash-back, elle a eu un coup de génie. Au lieu de les faire jouer par de mauvais acteurs dans des décors vaguement reconstitués, elle a eu l’idée de les dessiner, dans un style expressionniste qui rappelle inévitablement Valse avec Bachir.

Ce mélange entre images documentaires et animation n’est pas une nouveauté. Des films aussi excellents que Couleur de peau : miel (sur l’enfance d’un jeune Coréen adopté par une famille belge) ou Le Voyage de Monsieur Crulic (sur la mort d’un Roumain dans une prison polonaise) l’avaient déjà utilisé. Mais il est utilisé ici avec un parfait équilibre.

Volontiers pédagogue, Chris the Swiss nous raconte un épisode méconnu de l’éclatement de la Yougoslavie, qui précède le siège de Sarajevo et la guerre en Bosnie. Et Chris the Swiss nous touche par l’évocation du destin funeste de ce jeune journaliste, intelligent et sensible, qui découvrit à ses dépens que la guerre n’est jamais belle.

La bande-annonce

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