Capharnaüm ★★☆☆

Zain a douze ans. Il comparaît devant un tribunal. On ne sait à ce stade encore rien des faits qui lui sont reprochés. Mais le jeune accusé utilise un moyen de défense original : il met en cause ses parents auxquels il reproche de l’avoir mis au monde
Flashback : Dans un immeuble insalubre d’un quartier misérable de Beyrouth s’entasse la famille de Zain. Le gamin débrouillard n’a jamais mis les pieds à l’école et vit d’expédients. Il est très attaché à Sahar, sa sœur aînée qui, la puberté venue, est promise en mariage à un commerçant du quartier. De rage, il quitte le foyer familial. Dans son errance, il rencontre Rahil une Éthiopienne sans papiers qui vient d’avoir un bébé. Mais Rahil est prise dans une rafle policière. Zain doit se débrouiller seul avec le petit Jonas.

Prix du Jury à Cannes où les bookmakers lui promettaient la Palme, Capharnaüm divise la critique comme le public. D’un côté, les POUR saluent une œuvre bouleversante sur l’enfance maltraitée. De l’autre, les CONTRE dénoncent un misérabilisme larmoyant.

Les deux ont raison. Capharnaüm est une œuvre bouleversante d’un misérabilisme larmoyant. Comment ne pas être transcendé par l’énergie de ce Gavroche libanais, par la résilience de cette (trop) jolie Éthiopienne et par les joues rebondies du petit Jonas ? Comment ne pas non plus être gêné par cette surenchère d’avanies, par ce catalogue de la misère humaine dont les images trop léchées et la musique sursignifiante feraient presque penser à une pub pour le HCR ?

La bande-annonce

Un commentaire sur “Capharnaüm ★★☆☆

  1. Capharnaüm nous est présenté comme un film coup de poing sur l’enfance maltraitée avec pour porte-parole un enfant des rues: » Zain « . Il a 12 ans et en paraît 8. Il a été incarcéré dans une prison pour mineur parce qu’il a poignardé un homme. Zain est photogénique, intelligent, attachant. Zain ne joue pas son personnage: il l’incarne parce qu’il est véritablement un enfant des rues au Liban. C’est ce qui fascine et qui déroute dans ce film qui n’est pas un docu-fiction. Je me suis demandée si aujourd’hui, au Liban, un mineur pouvait vraiment attaquer en justice ses parents pour motif de l’avoir mis au monde. D’autant que dans le scénario, Zain n’a pas été reconnu par ses propres géniteurs et donc n’a pas d’existence légale. Sans doute une interrogation de plus sur ce film qui porte bien son titre: Capharnaüm. Il ne traite pas seulement de l’enfance maltraitée. il nous apporte sur un plateau le grand bazar de la misère physique, morale, intellectuelle, pécuniaire.On fait le procès des parents du jeune garçon . Ont -ils cependant des circonstances atténuantes? Comment sont -ils devenus monstrueux? Parce que pour survivre, ils ont du accepter de se faire exploiter par moins pauvre qu’eux.La leçon est cousue de fils blancs: les coupables ne sont pas ceux que l’on pointe du doigt: les démunis , les illettrés, les drogués, les voleurs, les violeurs, les criminels ou tout à la fois, mais la société qui n’a pas su les sauver. Il y aurait 120 millions d’enfants des rues dans le monde qui ont été engendrés par plusieurs dizaines de millions de miséreux. Ça n’est pas un stratagème narratif d’une artiste cinéaste mais une morbide réalité.

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