Gloria Bell (Julianne Moore) a la cinquantaine bien entamée. Divorcée depuis douze ans, elle vit seule dans une copropriété bruyante. Ses enfants sont grands : son fils (Michael Cera) vient d’avoir un bébé, sa fille (Caren Pistorius) prof de yoga en croque pour un surfeur suédois.
Dans le dancing pour célibataires qu’elle fréquente régulièrement, Gloria rencontre Arnold (John Turturro), un homme divorcé et aimant. Avec lui s’ébauche une belle histoire.
Il y a cinq ans, le réalisateur chilien Sebastian Leilo avait tourné Gloria. Le film avait valu à son actrice principale Paulina Garcia l’Ours d’argent de la meilleure actrice. Julianne Moore le visionna et proposa à son réalisateur d’en produire le remake, le temps pour lui de boucler les deux qu’il avait en chantier, Une femme fantastique (Oscar 2018 du meilleur film étranger) et Désobéissance.
On peut légitimement s’interroger sur l’utilité des remakes. Pourquoi assaisonner à la sauce hollywoodienne une œuvre chilienne ou moldave déjà parfaitement réussie ? N’est ce pas encourager le public américain dans son nombrilisme et son manque de curiosité ? En quoi le remake ajoutera-t-il au film qu’il recopie ? La liste des films français populaires ayant fait l’objet de remakes américains est aussi longue que calamiteuse : Le Dîner de cons, Taxi, Nikita, Le Grand Chemin, Trois hommes et un couffin, Les Visiteurs, La Cage aux folles…
Dans cette mesure, le remake de Gloria ne m’était pas spontanément sympathique. Mais c’était oublier le talent de Julianne Moore. La star hollywoodienne, bientôt sexagénaire, est d’une justesse absolue dans un rôle qui ne verse ni dans l’auto-glorification ni dans le misérabilisme. Gloria Bell est une femme de cinquante ans qui ne veut pas renoncer au bonheur. C’est une employée modèle dans la société d’assurances qui l’emploie, aussi dévouée à ses clients qu’à ses collègues. C’est une mère parfaite toujours prête à servir de baby sitter pour son petit-fils ou à prodiguer des conseils à sa fille. C’est une femme aimante à qui pèse la solitude et qui aimerait désespérément vivre une dernière histoire d’amour.
Outre l’énergie contagieuse de son actrice, Gloria Bell a deux autres atouts. Le premier est son scénario qui loin de nous entraîner sur une voie toute tracée nous surprend par son épilogue poignant. Le second est sa B.O. qui réjouira tous les nostalgiques des années disco : Bonnie Tyler, Olivia Newton-John, Paul McCartney et bien sûr la chanson titre de Laura Branigan.