68, mon père et les clous ★★☆☆

Jean Bigiaoui est le patron de Bricomonge, une quincaillerie, du cinquième arrondissement de Paris. Les affaires vont mal. La quincaillerie va fermer et ses employés vont devoir être licenciés.
Dans sa jeunesse, Jean Bigiaoui était un militant de la gauche prolétarienne, engagée dans la lutte clandestine.
Son fils le filme.

Comme son titre ternaire l’annonce, 68, mon père et les clous peut se lire à trois niveaux.

Le premier est la chronique émouvante d’un petit commerce de quartier, de ses clients, de ses employés et de sa fermeture inéluctable. La faute à la concurrence des grandes enseignes (qui va acheter ses clous à Bricomonge quand Leroy Merlin est au bout de la rue ?), à des clients indélicats qui ne paient pas leurs crédits et aussi à la gestion calamiteuse d’un patron qui n’est pas un grand manitou de la finance.

Le deuxième est l’énigme d’un homme qui posa des bombes avant de vendre des clous. Comment passe-t-on de la Gauche prolétarienne à la quincaillerie de détail ? Jean Bigiaoui est pudique et secret, qui refuse de se dévoiler. On apprend plus de lui à travers les témoignages de quelques amis de longue date, un ancien camarade du lycée Charlemagne, un compagnon de lutte.

Le troisième est le portrait d’un fils par son père. Un portrait d’une grande pudeur d’où transpire une rugueuse tendresse, sans jamais verser dans le sentimentalisme. Le fils respecte les silences du père. Mais il ne s’interdit pas de le pousser dans ses retranchements, réussissant enfin, dans les tréfonds du magasin, à recueillir les bribes d’une confession.

68, mon père et les clous ne révolutionnera pas l’histoire du documentaire. Mais le regard mélancolique et tendre que ce fils porte sur son père n’est pas le moins émouvant des hommages.

La bande-annonce

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