En août 2013, une statue grecque, dans un extraordinaire état de conservation, est retrouvée par des pêcheurs au large de Gaza. La nouvelle agite vite le monde des conservateurs et des collectionneurs. Mais bientôt l’Apollon de Gaza disparaît.
Le documentariste suisse Nicolas Wadimoff mène l’enquête entre Jérusalem et Gaza en interrogeant tous les protagonistes de l’affaire. On peut d’ores et déjà le dire sans gâcher le suspense : ses recherches seront vaines et le mystère de l’Apollon de Gaza reste entier.
Mais l’histoire est suffisamment originale, ce qu’elle raconte est suffisamment éclairant sur le monde de l’art et sur la situation géopolitique de Gaza qu’elle mérite d’être comptée.
D’abord, on s’interroge sur la réalité même de cette statue. A-t-elle vraiment été découverte ? Ou n’est ce pas une « légende urbaine » ? L’Apollon de Gaza documente-t-il des faits réels ou est-il un « docu-menteur » à l’image de l’excellent Challat de Tunis qui racontait en 2014 la vraie-fausse histoire d’un motocycliste tunisien qui balafrait les fesses des passantes vêtues trop légèrement.
Une fois l’existence de la statue avérée, il faut documenter son origine. S’il semble acquis qu’elle ait été découverte en mer, y était-elle depuis longtemps ou y avait-elle été jetée plus récemment pour dissimuler une autre origine : un lopin de terre dont les propriétaires réclameraient leur part ? l’Égypte d’où la statue aurait été importée illégalement à travers les fameux « tunnels » de Gaza ?
Autre question : son authenticité. S’agit-il d’un faux grossier ? Mais, si c’était le cas, comment aurait-il pu être fabriqué à Gaza où les capacités pour fondre 700 kg de bronze font défaut ?
Et enfin, une fois toutes ces questions préalables tranchées, il faut éclaircir les conditions de sa disparition. A-t-elle déjà été vendue à un riche collectionneur privé ? Est-elle enterrée par un particulier qui attend que la rumeur soit retombée pour la faire sortir de Gaza et la mettre sur le marché ? A-t-elle été réquisitionnée par l’État palestinien, lui-même divisé entre les autorités de Gaza et de Ramallah ?
Même si le documentaire de Nicolas Wadimoff n’innove guère par sa forme, son sujet st si original, si intrigant que L’Apollon de Gaza mérite d’être vu… en attendant que soit peut-être un jour exposée la statue qui lui a donné son titre.