Les Parfums ★☆☆☆

Anne Walberg (Emmanuelle Devos) est un nez qui connut jadis son heure de gloire en concevant les plus grands parfums avant d’être brutalement détrônée. Guillaume Favre (Grégory Montel) est son nouveau chauffeur, qui accepte ce travail peu valorisant pour gagner l’argent qui lui permettra de déménager et d’accueillir sa fille unique en garde partagée.

On ne peut pas dire que le réalisateur Grégory Magne ait relevé un pari bien risqué en filmant ce duo de contraires comme on en a si souvent vus. Le buddy movie associe à leur corps défendant deux flics mal assortis (L’Arme fatale, Les Ripoux), un fort-en-gueule et un hypocondriaque (Le Corniaud, L’Emmerdeur), un riche et un pauvre (Miss Daisy et son chauffeur, Intouchables). Il s’agit le plus souvent de deux hommes (quelques tandems célèbres marquent l’histoire du cinéma français : De Funès-Bourvil, Depardieu-Richard, Reno-Clavier), plus rarement d’un couple, jamais de deux femmes. On sait par avance que, malgré leurs différences, ils finiront par s’apprivoiser et, peut-être, par se séduire.

Plus original, Grégory Magne fait jouer à son héroïne le rôle d’un nez – auquel Emmanuelle Devos s’est soigneusement préparée en en reprenant soigneusement le vocabulaire et les postures. On y apprend, non sans intérêt que les nez fabriquent des parfums, mais aussi toutes sortes d’odeurs, de la reconstitution de la grotte de Lascaux aux derniers sacs Le Tanneur. Grégory Magne place son film sur un terrain mixte et glissant, en évitant les sorties de route : celui du drame teinté de comédie, celui du rire doux-amer.

Le résultat est sans surprise. En star déchue cherchant à reconquérir sa gloire d’antan, Emmanuelle Devos sait laisser percer, derrière sa froide élégance, les fragilités de son personnage. En papa poule défaillant, Grégory Montel confirme son potentiel comique. Les Parfums remplit honnêtement son contrat au risque d’être oublié sitôt inhalé.

La bande-annonce