La Troisième Guerre ★★☆☆

Léo Corvard (Anthony Bajon) est un jeune engagé. Pour sa première mission, il doit arpenter les rues de Paris dans le cadre de l’opération Sentinelle. Un autre soldat d’origine maghrébine, Bentoumi (Karim Leklou), l’accompagne en se vantant de ses faits d’armes. Leur patrouille est dirigée par une femme, le sergent Yasmine (Leïla Bekhti).

La Troisième Guerre est un film original, la première œuvre d’un jeune réalisateur italien, Giovanni Aloi. Son titre et son affiche laissent augurer un film martial. Il n’en est rien. Il s’agit plutôt d’un drame social dont le sujet serait l’institution militaire, miroir déformant de la société française.

L’image que La Troisième Guerre renvoie de l’armée française et de la mission qui lui a été confiée dans le cadre de l’opération Sentinelle de lutte contre le terrorisme en 2015 évite le piège du manichéisme. Elle se tient à égale distance de la glorification viriliste (les militaires, derniers remparts contre l’anomie sociale) ou de l’instruction à charge (les militaires, Rambos sans repères devenus à leur tour une menace contre nos libertés individuelles).

La Troisième Guerre montre que l’armée demeure aujourd’hui encore un fantastique creuset permettant l’intégration des plus marginaux, au-delà des clivages de race et de classe. Le film frise la caricature en donnant à chacun de ses personnages un rôle archétypal : Corvard est le petit blanc lumpenprolétarisé, issu d’une lignée d’alcooliques, qui vient chercher sous les drapeaux l’ordre qu’une vie de désordres ne lui a pas donné ; Bentoumi est le Maghrébin en mal de reconnaissance qui cache sa fragilité derrière ses mensonges ; Yasmine, qui dissimule sa grossesse dans l’attente de son avancement, incarne à elle seule la difficile intégration des femmes dans l’institution militaire.

Mais La Troisième Guerre questionne aussi avec beaucoup d’acuité la raison d’être des missions confiées à l’armée. Quel sens avait l’opération Sentinelle ? À quoi a-t-il servi de faire patrouiller des troufions dans les rues de Paris ? Ont-ils rassuré la population ? Ont-ils dissuadé des actes terroristes ? La réponse que La Troisième Guerre donne à ces questions dans sa dernière scène est peut-être inutilement mélodramatique. Elle n’en reste pas moins durablement marquante.

La bande-annonce

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