Zohra (Sabrina Ouazani) a quitté la Tunisie pour suivre Omar (Ramzy Bedia) en France. Le couple s’est installé en banlieue parisienne et a bientôt une ravissante fillette. Si Omar est un père parfait avec son enfant, il se révèle vite un mari alcoolique, veule et violent qui lève volontiers la main sur Zohra, les soirs de match.
Zohra aimerait quitter Omar mais s’y refuse pour l’amour de sa fille. Elle encaisse les coups sans mot dire avant de prendre une décision radicale au contact d’un gardien de nuit expert en arts martiaux : apprendre à se défendre.
Le réalisateur belge Mabrouk El Mechri, qui avait signé en 2008 un portrait décalé de Jean-Claude Van Damme, a opté pour un parti radical : le titre de son film, son affiche le classent immédiatement dans la catégorie des kung-fu vintage. Pourtant Kung-Fu Zohra ne se réduit pas à cette seule dimension-là. C’est d’abord, c’est surtout un film sur les violences conjugales qui raconte l’asservissement d’une femme battue et son combat, évidemment victorieux, pour renverser la domination qu’elle subissait.
Ce combat, Zohra le livre, au propre et au figuré, avec ses poings. Et il faut saluer la performance de Sabrina Ouazani dont les heures de coaching sportif qu’elle a dû subir pour la préparation de ce film se sentent et se voient (elle était beaucoup moins à l’aise avec une raquette dans les mains dans Mica).
Mais hélas, ce mélange audacieux entre kung-fu et drame social ne marche pas. Pendant la première moitié du film, on est ému par la détresse de Zohra et touché par la complicité sororale de son amie Binta (Eye Haïdara révélée par Le Sens de la fête). La seconde moitié du film ressemble à un Rocky, où on voit Zohra s’entraîner avec son complice, un vieux maître chinois façon Karaté Kid. Le film se termine par la scène qu’on attendait depuis plus d’une heure et demie : le combat dantesque entre Zohra et Omar (il faut au passage saluer la prestation à contre-emploi de Ramzy Bedia décidément aussi convaincant dans les rôles de grands héros lunaires que dans ceux de sales types).
Pris de remords, Mabrouk El Mechri nous gratifie d’une scène de post-générique qu’il ne faut pas manquer, même si l’échec du film ne nous a pas incités à nous attarder.
Le réalisateur n’a pas d’enfant dans son entourage pour avoir osé intituler son film de cette façon !
En fait si ! Il semblerait qu’il ait une petite fille et qu’il a tourné ce fils pour elle, nous indique le dossier de presse