Tsuji est, comme beaucoup de jeunes cadres japonais, au début de sa vie professionnelle. Il loge dans un appartement minuscule dont la seule originalité est son bruyant aquarium. Il travaille dans une PME qui vend des jouets et des feux d’artifice. Il y entretient, en violation du règlement intérieur qui les interdit, deux relations amoureuses parallèles avec deux collègues : Minako, une jeune employée frivole, et Hosokawa, la contremaitre, plus âgée et plus mature. Mais c’est de Ukiyo qu’il tombera amoureux après l’avoir rencontrée un soir dans des circonstances exceptionnelles : il lui sauve la vie en dépannant sa voiture bloquée sur un passage à niveau.
Ukiyo se révèle vite une femme profondément instable, vivant dans la précarité, couverte de dettes et cachant un lourd passé. Pour la conquérir, Tsuji doit avaler bien des couleuvres jusqu’à la racheter à des yakuzas qui allaient la mettre sur le trottoir.
Suis-moi je te fuis et Fuis-moi je te suis est l’adaptation d’une série télévisée en dix épisodes. Elle est diffusée en salles sous la forme de deux films de près de deux heures chacun (sortis à une semaine d’intervalle alors que leur visionnage d’une seule traite est conseillé). Leur titre chiasmatique [le mot pédant du jour !] laisse augurer une structure en miroir : on imagine volontiers qu’après avoir vu Tsuji courir après Ukiyo, les rôles se renverseront dans la seconde partie. Ce n’est qu’en partie vrai. Une autre fausse piste : on avait imaginé que les mêmes événements, vus par les yeux de Tsuji prennent, à travers les yeux de Ukiyo, une toute autre signification dans la seconde partie. Cette piste là n’est pas utilisée : la structure du récit est globalement linéaire, qui révèle peu à peu les pans du mystérieux passé de son héroïne.
Après quatre heures de films, on sort frustré et déçu. On n’a pas vu l’ombre de la « fresque romanesque » promise par la publicité. Au contraire, on a dû ingurgiter une longue romance sirupeuse qui, lorsque la panne sèche menace, introduit un nouveau personnage : un yakuza philosophe, un mari trompé, un ancien amant désespéré….
Le cinéma japonais est peut-être l’un des plus riches au monde. L’an dernier encore, Drive my car recevait un accueil critique et public enthousiaste, ratait de peu la Palme d’Or et emportait l’Oscar du meilleur film international. Pour autant, ce qu’on en voit aujourd’hui en France (The Housewife, Contes du hasard et autres fantaisies, Aristocrats….) est au mieux très répétitif, au pire de plus en plus décevant.