Dancing Pina ★★☆☆

Pina Bausch est morte en 2009. Mais ses mânes continuent à hanter la danse contemporaine. Les danseurs de sa compagnie (Dominique Mercy, Malou Airaudo, Clémentine Deluy, Josephine Ann Endicott…) se chargent de transmettre son l’héritage.
Le documentariste allemand Florian Heinzen-Ziob a filmé la reprise de deux oeuvres, parmi les plus anciennes, de la chorégraphe : Iphigénie en Tauride, créée en 1974, et Le Sacre du printemps en 1975. La première est reprise à l’Opéra de Dresde et offre le rôle titre à une immense danseuse sud-coréenne, Sangeun Lee ; la seconde à l’Ecole des sables de Germaine Acogny, à Toubab Dialaw, au sud de Dakar par une troupe de danseurs venus d’une douzaine de pays africains.

Ce documentaire a l’indéniable qualité de nous replonger pendant près de deux heures dans l’univers à nul autre pareil de Pina Bausch. Il nous rappelle son apport immense à la danse contemporaine. À rebours des diktats de la danse classique, Pina Bausch recherchait moins la perfection du danseur que son authenticité. Ce parti pris iconoclaste l’autorisait à recruter des danseurs disparates, de tout âge, de toute origine, de toute complexion, sans être obsédée par la recherche de l’homogénéité qui prévaut traditionnellement dans les corps de ballet.

Mais Dancing Pina a le défaut de s’abîmer dans l’hagiographie. Déjà Wim Wenders, dans le documentaire Pina tourné en 3D qu’il lui avait consacré dès 2011 avait échoué sur cet écueil. Mais le défaut est amplifié par une mise en scène très plate qui, paresseusement, entrelace deux récits (et pourquoi pas un seul ? ou trois ? ou quatre ?) sans que le lien entre les répétitions à Dresde et à Toubab Dialaw fasse sens.

Pour autant, Dancing Pina est sauvé de la banalité par deux scènes : la représentation finale que la troupe de l’Ecole des Sables donne au crépuscule sur la plage, empêchée par le Covid de se produire à Dakar et en Europe. Et la sublime Sangeun Lee qui déploie dans la scène d’ouverture d’Iphigénie la maigreur de son immense 1m82 avec une grâce surnaturelle.

La bande-annonce

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