Un hiver en été ☆☆☆☆

Aux quatre coins de l’hexagone, des personnages tentent tant bien que mal de faire face au froid sibérien qui s’est abattu sur la France en ce mois de juin : un vigile (Nicolas Duvauchelle) surprend une SDF (Clémence Poesy) en train de marauder dans un supermarché ; un officier de l’armée de terre à la veille d’une mission suicide (Laurent Stocker) recueille un jeune drogué en rupture de ban (Pablo Pauly) ; une star de la chanson (Elodie Bouchez) de retour à Paris est victime d’un malaise et retrouve dans l’ambulance du Samu qui la secourt son premier amour (Cedric Kahn), marié depuis vingt ans à une femme qu’il n’aime pas (Hélène Fillières) ; un riche entrepreneur (Benjamin Biolay) passe la nuit avec une éboueuse (Nora Hamzawi) ; une policière confite en religion (Judith Chemla) recueille un immigré iranien (Rafi Pitts).

Laetitia Masson fut un temps une jeune et prometteuse réalisatrice française : En avoir (ou pas), À vendre, Love me révélaient Sandrine Kiberlain au tournant du siècle et laissaient une marque. Et puis Laetitia Masson s’est perdue. La Repentie (2002), avec Isabelle Adjani et Samy Naceri, est peut-être l’un des plus mauvais films jamais réalisés. Depuis Laetitia Masson n’a plus tourné grand-chose sinon quelques téléfilms.

Un hiver en été aurait pu marquer son retour grâce à son étonnante brochette de stars qui lui donne des airs de Wes Anderson française. Mais c’est un pétard mouillé, dont la sortie, prévue en mars, a été repoussée à une date qui le condamne, entre la sortie de Barbieheimer et les départs en vacances, à l’invisibilité.

Un hiver en été est un film à sketches dont les cinq histoires, qui n’entretiennent quasiment aucun lien entre elles sinon la troublante attirance que ses personnages éprouvent pour les Nymphéas de Monet, sont entremêlées au montage.

Je n’aime pas les films à sketches. Je trouve chacun des volets qui les composent trop courts pour s’y immerger vraiment. Je leur reproche leur qualité inégale : on s’attache toujours plus à une histoire qu’à une autre. C’est un défaut dont Un hiver en été est exempt. Aucune de ses histoires n’est intéressante. Toutes mettent en scène des personnages unanimement antipathiques, le comble étant atteint dans l’auto-caricature par Benjamin Biolay, et sans intérêt. On ne croit pas une seule seconde, devant des personnages têtes nues et sans gants, au froid polaire qu’ils sont censés combattre. Les seuls à tirer leur épingle du jeu, s’il fallait sauver quelque chose de ce naufrage, seraient Nicolas Duvauchelle et Judith Chemla pour leurs outrances.

La bande-annonce

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