Un coup de maître ★☆☆☆

Renzo Nervi (Bouli Lanners) est une vieille gloire déchue de la peinture contemporaine en manque d’inspiration depuis la mort de sa muse. Les critiques d’art qui l’avaient porté aux nues le honnissent ; ses créanciers menacent de le saisir ; mais Renzo Nervi semble incapable de sortir de la spirale suicidaire qui le happe. Sa seule planche de salut semble être Arthur Forrestier (Vincent Macaigne), son galeriste, qui fut son élève aux Beaux-Arts avant de devenir son plus fidèle ami.

Honnête faiseur du cinéma français, Rémi Bezançon réussit depuis une vingtaine d’années à rassembler autour de lui les acteurs les plus bankables du cinéma français (Fabrice Luchini, Camille Cottin, Pio Marmaï, Louise Bourgoin, Vincent Elbaz, Manon Cotillard, Gilles Lellouche…) pour tourner des films solides qui font les délices des chaînes de télévision et des téléspectateurs du dimanche soir : Le Mystère Henri PickNos futursUn heureux événementLe Premier jour du reste de ta vieMa vie en l’air

Vient s’ajouter à cette filmographie qui n’a rien d’infamant mais rien non plus d’inoubliable ce remake dispensable d’une comédie argentine sortie il y a quatre ans à peine. Tout y était déjà : la critique féroce du monde de l’art et de sa superficialité, le virage vers le thriller, la touchante histoire d’amitié entre deux hommes, jusqu’au personnage secondaire, pas vraiment réussi, du jeune apprenti.

Certes, Bouli Lanners et plus encore Vincent Macaigne excellent dans leurs rôles au point de nous faire presque monter la larme à l’œil. Mais ce brillant numéro d’acteurs ne suffit pas à sauver cette comédie noire. Son principal ressort est lamentablement divulgâché par la bande-annonce. Il intervient très tard dans le film, bizarrement construit en deux parties d’inégale importance. La première, trop longue mais très cohérente, décrit la dépression et l’autosabordage du peintre ; la seconde, trop courte et construite de bric et de broc, raconte le mensonge inventé par Forrestier pour faire remonter la cote de l’artiste et ses conséquences inattendues.

Un coup de maître se regarde sans déplaisir. Les spectateurs de la petite salle sanaryenne où je l’ai vu en sont sortis enchantés. Mais je prends le pari qu’ils en auront oublié le titre avant la fin du mois.

La bande-annonce

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