Le Ciel rouge ★★☆☆

Deux amis, Leon, un jeune écrivain qui peine à mettre la dernière main à son second roman, et Felix, étudiant aux Beaux-Arts censé achever un travail photographique, ont décidé de passer quelques jours au bord de la Baltique, dans la maison de campagne des parents de Felix. À leur arrivée dans les lieux, ils ont la surprise d’y découvrir la présence de Nadia et, à la nuit tombée, ses bruyants ébats avec son amant, un sauveteur prénommé Devid.

Depuis que Wim Wenders s’est égaré sur des chemins de traverse, Christian Petzold est devenu le plus grand réalisateur allemand contemporain. On lui doit Barbara, Phoenix, Transit, Ondine. Petzold a le talent de révéler des acteurs exceptionnels et de s’attacher leur fidélité : Nina Hoss, inoubliable dans Barbara, Ronald Zehrfeld, Franz Rogowski, le bec-de-lièvre le plus sexy du cinéma (ex aequo avec Joaquin Phoenix) et Paula Beer qui n’a jamais été aussi lumineuse, sans aucun artifice, qu’ici.

Il dit avoir voulu détourner les codes du « film d’été », un genre balisé. Aux Etats-Unis, le genre tire du côté du thriller ou du film gore, quand les jeunes adultes résidant dans une maison isolée meurent mystérieusement les uns après les autres sous les coups d’un serial killer sadique. En France, dans la lignée de Rohmer, dont Petzold dit avoir découvert l’oeuvre à l’occasion du confinement, le film d’été est l’occasion d’amourettes aussi dérisoires que dramatiques. Petzold revendique ironiquement d’inventer le « film d’été allemand », une romance rohmérienne sur laquelle plane la peur de la mort, symbolisée par les flammes qui embrasent l’horizon et qui menacent la maison des estivants.

Le résultat n’est qu’à moitié convaincant. Le Ciel rouge commence lentement, trop lentement. Sa mise en place est interminable, surtout à ceux qui avaient vu la bande-annonce qui en disait déjà tout en cent-une secondes. C’est seulement dans sa seconde moitié que Leon, cet écrivain autocentré, trouvera sa rédemption, tandis qu’il découvre successivement des facettes qu’il ne connaissait pas des personnalités de son ami Felix, de Nadia et enfin de son éditeur Helmut venu relire son manuscrit.

Le Ciel rouge me laissera le souvenir troublant mais évanescent de la douceur d’un crépuscule après une journée trop chaude.

La bande-annonce

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