Belgica ★☆☆☆

J’avais beaucoup aimé les précédents films de Félix Van Groeningen – qui, comme son nom l’indique, n’est ni italien ni portugais. La Merditude des choses et Alabama Monroe, une comédie dramatique et un drame non dépourvu d’humour qui avaient tous les deux la truculence et la générosité d’un potjevleesch flamingant.

J’ai été du coup d’autant plus déçu par Belgica qui s’annonçait dans la continuité prometteuse de ces deux premiers films.

L’action se passe à Gand, dans le café où le jeune Félix a grandi. Deux frères décident de transformer ce rade minable en bar branché. Ils y mettent toute leur -communicative – folie et connaissent vite le succès. Mais la réalité a tôt fait de rattraper leur rêve.

Oui, Belgica est un film survolté, euphorisant, énergisant. Oui, l’anarchie de la fête, son bruit, sa sueur, son hébétement, son euphorie aussi, ont rarement été aussi bien filmés – et je sais de quoi je parle moi qui passe mes nuits en boîte ! Oui, les deux héros, avec leurs brisures et leur grand cœur, sont attachants. Oui, la musique est géniale.

Pour autant, le film fait du surplace. Son seul moteur est la rivalité, aux motifs pas très lisibles, qui grandit entre les deux frères. Aucune surprise, aucune émotion non plus – si ce n’est peut-être dans certains rôles secondaires (l’épouse délaissée, la maîtresse moins cruche qu’il ny paraît…) trop vite sacrifiés. Belgica aurait pu sans préjudice faire trente minutes de moins. Un poil trop racoleur, un brin trop vulgaire pour convaincre.

La bande-annonce

Moonwalkers ★★☆☆


Moonwalkers fait partie de ces films, hélas nombreux, dont la bande-annonce est le meilleur allié et le pire ennemi. Elle met l’eau à la bouche… et ne laisse aucune surprise.

En 1969, il ne reste que quelques mois à l’Amérique de Nixon pour réaliser la promesse ambitieuse lancée par John F. Kennedy en septembre 1962 : un Américain posera le pied sur la Lune avant la fin de la décennie. Las ! les ennuis et les retards se sont accumulés et le succès d’Apollo 11 n’est pas garanti. Pour parer à toute éventualité, la CIA décide de tourner en studio l’alunissage de Armstrong et Aldrin. Et d’en confier le soin au réalisateur le plus célèbre de l’époque, Stanley Kubrick.

Cette légende urbaine à l’étonnante vitalité ( https://en.wikipedia.org/wiki/Moon_landing_conspiracy_theories) constituait un matériau cinématographique de premier choix. Dirigé par un réalisateur français venu de la publicité, le film a pour héros Ron Perlman dans le rôle d’un porte-flingue américain chargé de convaincre Stanley Kubrick de tourner la scène historique. Son chemin croise celui de Rupert Grint (qui parviendra peut-être un jour, dans 350 ans, à faire oublier son rôle de Ronald Weasley dans Harry Potter), un agent d’artiste qui peine à boucler ses fins de mois et qui voit dans la confortable rémunération promise par l’Américain le moyen de se renflouer.

La comédie vaut moins par son scénario prévisible que par la reconstitution soignée d’un Londres sous LSD. On s’y drogue beaucoup, on partouze souvent (le film, bien que tous publics, est accompagné d’un avertissement), on y est habillés terriblement mal – ou terriblement bien, ça dépend des goûts.

La bande-annonce

Éperdument ★★☆☆


Le fait divers est connu : Emma, l’appât du « gang des barbares » qui avait kidnappé et torturé à mort Ilan Halimi en 2006, a noué avec le directeur de la prison, où elle purgeait sa peine, une liaison sulfureuse. Ledit directeur, qui fut condamné à deux ans de prison, en fit un livre à décharge que Pierre Godeau porte à l’écran.

Racontée du point de vue du directeur, l’histoire ne le dépeint pas comme un benêt berné par une prisonnière manipulatrice (ce que les chroniqueurs de presse couvrant son procès tendaient à penser), mais comme un homme rangé cédant à un authentique coup de foudre. Le choix de Guillaume Gallienne pour interpréter ce rôle ne convainc pas. Non pas que l’acteur césarisé de Les Garçons et Guillaume, à table ! soit mauvais ; mais il lui manque la virilité qui aurait donné au couple qu’il forme avec Adèle Exarchopoulos sa crédibilité. Gallienne est trop comique pour ne pas rendre risibles ses élans amoureux.

La révélation de La Vie d’Adèle est au contraire un excellent choix. Non seulement diffuse-t-elle une sensualité incandescente – dont le petit cochon qui sommeille en moi gardera un souvenir brûlant – mais elle réussit à garder à son personnage sa part de mystère. Allumeuse manipulatrice ? Gamine paumée ? Amoureuse sincère ? Le film, qui pèche par sa mise en scène bien fade, ne tranche pas. Et c’est tant mieux.

Une mention pour Stéphanie Cléau qui interprète le rôle de l’épouse trompée avec une élégance racée qui force l’admiration. Une actrice à suivre.

La bande-annonce