Shola a quinze ans. Elle vit chichement avec sa mère et son jeune frère dans un HLM de l’East End londonien. Elle étudie dans un collège de jeunes filles. Ses amies l’ont surnommée Rocks à cause de sa morphologie et de sa force de caractère.
Sa vie se fissure quand sa mère abandonne brutalement le foyer, la laissant seule avec son frère.
On retrouve avec plaisir Sarah Gavron, une réalisatrice rare qu’on avait découverte en 2007 dans l’adaptation du roman à succès de Monica Ali Brick Lane et qui avait signé huit ans plus tard un film moins personnel sur les suffragettes anglaises du début du vingtième siècle.
Elle retrouve les mêmes horizons que dans Brick Lane : ces banlieues londoniennes cosmopolites où, dans un joyeux melting pot, des immigrés de la deuxième génération, issus de toutes les ex colonies de l’Empire britannique, essaient non sans mal d’inventer une identité hybride. Les copines de Rocks, qu’on voit sur l’affiche, constituent un échantillon presque caricatural de cette mixité sociale avec Sumaya, sa meilleure amie d’origine somalienne, Khadijah, la bengalie, et Agnès, la seule Anglaise de souche.
Les adolescentes sont décidément à la mode au cinéma, qu’on les filme dans le Limousin (Adolescentes), en banlieue parisienne (Bande de filles, Mignonnes) ou à New York (Never Rarely Sometimes Always). Manière de souligner l’originalité de leurs vécus ou, tout au contraire, de montrer que les grands enjeux sociaux de notre temps se vivent de la même façon quel que soit le sexe.
Rocks a l’âpreté des films de Ken Loach Il en a aussi la tendresse. Loin de sombrer dans le désespoir, il nous montre – ce qui relève presque de la science fiction – Londres sous un soleil optimiste et des couleurs éclatantes (cf. l’affiche). Un optimisme un peu surjoué qui voudrait, comme la conclusion du film, nous laisser un message d’espoir.