Carlitos cache une âme démoniaque derrière un visage d’ange. Fils unique, choyé par ses parents qui se désespèrent de son indolence, il n’a qu’un seul loisir et un seul talent : s’introduire dans les riches demeures de Buenos Aires et y voler bijoux et biens de valeurs pour en faire cadeau autour de lui.
Au lycée technique, il fait la connaissance de Ramon, dont le père, repris de justice, a tôt fait de comprendre le bénéfice qu’il pourrait tirer des dons de Carlitos.
Projeté à Cannes à la sélection Un certain regard, L’Ange est entièrement construit autour de son personnage principal : un adolescent sociopathe. Carlitos a pour lui sa beauté angélique (on pense au héros de Théorème). Sa sexualité est profondément ambigüe et son physique androgyne attire à lui aussi bien les hommes que les femmes.
Carlitos est dépourvu de tout repère moral. Pour lui, le bien et le mal ne font pas sens. Initié au maniement des armes à feu par le père de Ramon, il ne se sépare plus de deux colts qu’il utilise avec un humour presque cartoonesque. Les morts s’accumulent autour de lui durant des braquages de plus en plus meurtriers.
Il y a trois ans, nous venait déjà d’Argentine, avec El Clan, l’histoire d’une bande de meurtriers sans scrupule pratiquant enlèvements et extorsions sous l’apparence rassurante d’une famille ordinaire.
Cette profonde immoralité n’est pas sans rappeler American Psycho de Bret Easton Ellis sinon Crime et Châtiment. Elle produit, au fil du film, un effet de lassitude. On se demande où le réalisateur veut nous amener, ce qu’il veut nous (dé)montrer. La conclusion ne lève pas l’ambiguïté. L’ordre et la morale semblent sur le point d’être restaurés. Du coup, le sens de ce film s’obscurcit plus encore : dénonciation moraliste de la déviance ? ou portrait complaisant d’un adolescent criminel ?