Nicola a quinze ans à peine. Avec quelques camarades de son âge, il passe ses journées à arpenter les rues de Naples en scooter. Ses aînés de la Camorra terrorisent les commerçants du quartier en exigeant d’eux le paiement du « pizzo » pour les prémunir d’une insécurité qu’ils sont les premiers à nourrir.
Les familles de la Camorra se livrent une guerre à mort qui crée, au gré des assassinats et des arrestations, un vide de pouvoir dont Nicola et sa bande entendent profiter pour se tailler une place au soleil.
Naples ou l’enfance d’un chef. On se souvient du film élégiaque de Eric Valli tourné dans les montagnes himalayennes en 1999. La comparaison s’arrête au titre. Piranhas (étrange traduction de La paranza dei bambini qui fait plus spontanément penser à un film d’horreur dans la forêt amazonienne qu’au portrait d’un jeune caïd napolitain) raconte, comme son affiche l’annonce, « l’ascension des baby gangs ». Cette histoire n’est guère crédible où l’on voit des gamins qui se disputent un pot de Nutella avant d’aller assassiner leurs rivaux. Mais elle peut se réclamer de Roberto Saviano, l’auteur de Gomorra, dont elle constitue l’adaptation à l’écran d’un roman publié en 2016.
Des histoires de jeunes mafiosi, on en a déjà vu beaucoup. Sans remonter à Gomorra ou à Suburra, on avait bien aimé l’automne dernier Frères de sang, un petit film italien passé inaperçu.
De ce côté-ci des Alpes, Piranhas souffre de la comparaison avec Shéhérazade sorti l’an passé. Ses héros se ressemblent : l’un comme l’autre sont des chiens fous à peine sortis de l’enfance, en mal de référent paternel, qui s’éveillent à l’amour (si Viviana Aprea n’a pas le bagout de Kenza Fortas, César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans Shéhérazade, elle est d’une beauté à couper le souffle). Mais Shéhérazade atteint, dans sa dernière demie heure une densité émotionnelle que Piranhas n’approche pas.
La fin de Piranhas est étonnante. Jusque là, le film avait déroulé un scénario ternaire bien huilé : l’ascension, la gloire, la chute. On se dirigeait tranquillement vers une scène finale qu’on s’imaginait déjà. Et soudainement, dans les deux derniers plans, le scénario prend une autre bifurcation, aussi surprenante que déconcertante. S’il ne l’avait pas fait, on aurait regretté son manque d’audace ; mais la façon dont il le fait l’expose au reproche de l’incohérence.