Une nuit ★★★☆

Un soir, dans la ligne 6 bondée du métro parisien, une altercation éclate entre un homme et une femme projetés l’un contre l’autre. Quelques instants plus tard, les voici dans un photomaton le pantalon aux chevilles, sauvagement enlacés.

Le début d’Une nuit n’est pas très crédible. Il m’est arrivé quelque fois hélas d’échanger des noms d’oiseaux avec un passager d’un métro comble ; il ne m’est (hélas ?) jamais arrivé de baiser sauvagement avec lui (elle ?) dans le quart d’heure qui suivait dans un photomaton.

J’ai lu des critiques assassines d’Une nuit. Le plus cocasse était qu’elles lui reconnaissaient une circonstance atténuante : sa première scène. Aussi me suis-je dit au bout de dix minutes que ce film était bien mal parti, puisque le pire était à venir alors que le meilleur était déjà bien mauvais.
Et pourtant, à ma plus grande surprise et pour mon plus grand soulagement, j’ai apprécié ce film et ne hurlerai pas avec les loups. La raison en a été triple.

La première est que j’ai beaucoup aimé cette longue déambulation nocturne, qui m’en a rappelé d’autres (Before Sunrise avec Julie Delpy, Ouvert la nuit avec Edouard Baer…) et les paroles qu’y échangent les deux héros sur la vie, sur le couple, sur ce train-train qui nous englue et dont il faut avoir le courage de se secouer, sur ces remords dont on sait qu’ils valent mieux que les regrets des décisions qu’on n’a pas prises…. Sans doute, certains ralentis sont-ils maladroits. Sans doute la bande son au piano est-elle parfois envahissante. Mais, à mes yeux, ce sont des défauts véniels.

La deuxième est le choix des deux acteurs. J’ai depuis toujours les yeux de Chimène pour Alex Lutz que je trouve incroyablement séduisant et talentueux. J’ai adoré – et je me réjouis de ne pas avoir été le seul – Guy. J’ai autant aimé 5ième set qui a hélas eu moins de succès. Comme Michalik ou Beigbeder – dont je suis conscient qu’ils sont loin de faire l’unanimité – j’aime la façon dont Lutz se met en scène avec ce mélange d’égocentraisme et de sincérité qui me le rend attachant.
J’ai été aussi heureux de retrouver Karin Viard. Je l’adorais dans les 90ies dans ses premiers films : Les randonneurs, La Nouvelle Eve, Haut les coeurs !. J’ai trouvé ensuite qu’elle s’égarait dans des rôles répétitifs de mégère énervée à la voix de crécelle. Je la retrouve dans Une nuit comme je l’aimais avant, débarrassée des tics et des tocs qui encombraient inutilement son jeu.

La dernière raison de mon engouement est dans la conclusion de ce film. C’est déjà trop en dire qu’elle nous réserve une double surprise. La première n’en est qu’à moitié une. Plusieurs indices du film nous la laissaient pressentir. La seconde est franchement étonnante. Certains l’ont trouvée totalement improbable. Elle ne m’en a pas moins beaucoup ému.

La bande-annonce

2 commentaires sur “Une nuit ★★★☆

  1. Tout à fait en phase avec votre analyse toujours pertinente et votre ressenti. Au delà de ses maladresses et de la musique parfois trop marquée ce film dit beaucoup de choses de nos relations hommes-femmes et le dénouement est absolument poignant. Alex Lute a de si belles fragilités ! Et effectivement Karine Viard retrouve un rôle à la mesure de son talent !

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