Ça tourne à Séoul ! Cobweb ★★☆☆

Kim (Song Kang-Ho) est un réalisateur vieillissant et obsessionnel, cantonné aux séries B, qui n’a jamais réussi à percer malgré le succès de son premier film dont une rumeur persistante l’accuse d’avoir volé le scénario au maître dont il était l’assistant jusqu’à sa mort. Il est déterminé à retourner la fin de son film, Dans la toile, dont il n’est pas satisfait, et réussit, à force de persuasion, à faire revenir ses acteurs, ses techniciens pour deux jours de tournage supplémentaires. C’est sans compter sur les egos surdimensionnés des acteurs, sur les intrigues de couloir qui les déchirent, sur les problèmes techniques qui s’accumulent et sur la censure officielle (l’action se déroule au début des 70ies sous la dictature coréenne),, heureusement soluble dans le whisky.

Coupez ! fut pour moi – et pour beaucoup d’autres – l’un des meilleurs films de l’année passée. On se souvient de son prétexte, le tournage d’un remake d’une série B japonaise, et d’un montage qui nous montrait successivement les mêmes scènes tournées de plusieurs points de vue différents, nous révélant par ce procédé tout ce qui se déroulait en coulisses.

Ça tourne à Séoul utilise le même procédé, alternant les scènes en noir et blanc de Dans la toile telles que Kim les tourne – ou peut-être tel qu’il rêve de le tourner tant elles sont parfaitement maîtrisées – et les scènes en couleur du film en train de se tourner qui dévoilent sa réalisation chaotique.
Le plateau y devient le lieu de tous les excès avec sa galerie de personnages principaux et secondaires, tous plus truculents les uns que les autres. J’ai notamment beaucoup ri à cet acteur qui interprète le rôle d’un commissaire de police et qui est tellement investi dans son rôle qu’il se met à enquêter sur le plateau.

Aussi réussi soit-il, Ça tourne à Séoul a le défaut structurel de venir après Coupez ! L’effet de surprise qui jouait à plein avec Coupez ! est donc ici hélas éventé. Ce qu’il raconte sur le cinéma, la tension insupportable dans laquelle un réalisateur est pris lorsqu’il aspire à la perfection mais se heurte à une foultitude d’obstacles, n’a rien de bien novateur non plus. Il a aussi le défaut d’une mise en place un peu lente – Coupez ! avait le même, qui montait en puissance dans sa seconde moitié – et de durer plus de deux heures. Sans doute aurait-il gagné à un format plus ramassé. Il n’en reste pas moins un dépaysant et amusant moment de cinéma.

La bande-annonce

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