Dans la peau de Blanche Houellebecq ★★☆☆

L’écrivain Michel Houellebecq se voit offrir la possibilité de fuir la grisaille de l’hiver parisien pour aller assister en Guadeloupe à un improbable concours de ses sosies. Il y retrouve la présidente du jury, Blanche Gardin. Entre les deux stars que tout oppose, la complicité se noue grâce aux péripéties qu’elles traversent.

C’est la troisième fois que Guillaume Nicloux fait tourner Michel Houellebecq dans son propre rôle. La première, c’était en 2013, pour Arte, dans L’Enlèvement de Michel Houellebecq. La deuxième, en 2019, il le confrontait à Gérard Depardieu dans Thalasso et le duo y faisait des étincelles. On imagine aisément les arguments qu’il a déployés auprès de l’écrivain pour le convaincre de rempiler une troisième fois :
– « Le tournage se déroulera à la Guadeloupe ! On ira faire de la plongée ! »
– « Ah bon ? Ca me tente pas trop ! J’ai peur de l’avion. Et puis j’ai un rendez-vous avec mon dentiste »
– « Allez ! Tu rencontreras Blanche Gardin ! Elle est incroyable ! »
– « Bon… alors je vais y réfléchir peut-être…. »

Le résultat est désopilant, à mi chemin de la pure fiction et du documentaire. On aimerait jeter un oeil au scénario pour savoir ce qui en a été écrit et la part de l’improvisation.

Michel Houellebecq, la mine cadavérique, le cheveu filasse, la peau huileuse, plus Droopy que jamais, mais pas si impotent que je l’imaginais, promène son costume essoré sous les tropiques et manque se noyer dans la piscine où il plonge lourdement alcoolisé alors qu’il ne sait pas nager. Beaucoup plus ingambe (elle a vingt ans de moins que lui), Blanche Gardin forme avec l’écrivain un attelage surprenant mais efficace. Elle cède volontiers à l’autoparodie sans pour autant s’en laisser compter, assénant à Houellebecq ses quatre vérités quand il s’égare avec Michel Onfray : « Arrêtez de donner des interviews, écrivez des livres et fermez votre gueule ». Le duo est lesté d’un troisième larron, Luc Schwartz, un improbable gitan juif (ou corse ?), aux faux airs de Patrick Sébastien, qui joue le rôle de l’impresario (du garde du corps ? du garde-malade ?) de Michel Houellebecq.

Le scénario du film est un prétexte. Il contient des rebondissements dont on aurait pu faire l’économie. Ainsi d’un sombre trafic dans lequel Luc Schwartz est impliqué qui va mettre la police guadeloupéenne aux trousses du trio. Ainsi aussi – un aspect du film plus intéressant mais pas assez creusé – d’une réflexion ébauchée sur la situation post-coloniale de la Guadeloupe, le racisme anti-Noir et anti-Blanc qui y prévaut, ses aspirations à l’indépendance… L’intérêt du film, le seul en vérité, est dans les scènes qui mettent face à face les deux stars où le cynisme neurasthénique du premier et la répartie pétaradante de la seconde font des étincelles.

La bande-annonce

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