Sons ★★☆☆

Eva (Sidse Babett Knudsen) est une gardienne de prison qui aime son travail, pourtant ingrat, et l’exerce avec le plus d’humanité possible. Son comportement change du tout au tout à l’arrivée d’un nouveau prisonnier, Mikkel, incarcéré dans le quartier de haute sécurité où Eva réussit à se faire muter.

Sons est le deuxième film de Gustav Möller, auréolé par le succès de son premier, The Guilty en 2018. Il se déroulait  en temps réel, dans un centre d’appel de la police. La même unité de lieu est respectée dans Sons qui ne sort quasiment pas de la prison où Eva travaille. Ce sentiment de claustrophobie est encore accentué par le format de l’image et par le son spatial.

Sons se déroule dans une prison, un lieu éminemment cinématographique et souvent filmé: Un condamné à mort s’est échappéLe TrouMidnight ExpressLes ÉvadésUn prophèteDog PoundOmblineLa TaulardeÉperdument… sans parler de la série Prison Break. Le plus souvent, la prison est vue du côté des taulards. Ici, c’est le point de vue d’une gardienne qui prévaut – comme dans le récent Borgo qui se déroulait en Corse et était inspiré d’un fait divers meurtrier.

Le film est tendu par une question : quel lien unit Eva et Mikkel ? Son titre nous a mis sur une piste, sans qu’on puisse avec précision en tirer des conclusions. La bande-annonce laisse planer le doute et le première moitié du film aussi. Lorsque la réponse se dévoile, Sons prend un tour différent. Le spectateur  n’est plus suspendu à une question sans réponse mais à une situation dont le film explore désormais les développements. Il est difficile d’en parler sans dévoiler cette fameuse réponse, sinon pour dire que le pluriel de son titre nous offre une clé d’explication.

Sons est un film oppressant et puissant. Est-il totalement crédible ? je ne connais pas assez le milieu pénitentiaire et ses usages pour l’affirmer ; mais j’ai trouvé que les libertés que s’autorisait Eva sur la personne de Mikkel dépassaient largement ce qu’un gardien est en droit de faire. Deuxième réserve : j’ai trouvé peu crédible le changement de comportement d’Eva dans la seconde partie du film, qui abandonne soudainement le sadisme dont elle avait fait preuve jusqu’alors.

Reste l’interprétation remarquable des deux acteurs, qui réussissent l’un comme l’autre à faire passer toute une gamme d’émotions dans un jeu pourtant tout en retenue. Chez Eva, le désir de vengeance et la compassion ; chez Mikkel, la violence rentrée qui menace à chaque instant d’exploser et la fragilité du gamin mal dégrossi.

La bande-annonce

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