The Rider ★★☆☆

Brady n’a qu’une passion : les chevaux. Il les dresse. Il les monte en rodéo. Mais un grave accident l’oblige à y renoncer. L’acceptera-t-il ?

La jeune réalisatrice sino-américaine Chloé Zhao remet le couvert. Après Les Chansons que mes frères m’ont apprises, elle plante à nouveau sa caméra au cœur de la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud au milieu des cowboys et de leurs chevaux. Son premier film racontait le déchirement d’un départ : Johnny, un jeune indien, quittait la réserve où il étouffait pour la ville dans l’espoir d’une vie meilleure. Son second a un sujet symétrique : Brady doit s’arracher à un monde où il n’a plus sa place quand bien même il n’a d’autres rêves que d’y demeurer.

The Rider est à la frontière du documentaire. Le réalisme est renforcé par l’emploi d’acteurs amateurs filmés dans leurs propres rôles. Lorsqu’à la veillée, chacun raconte une anecdote de sa vie, on a l’impression que la réalisatrice a laissé traîner sa caméra et son micro. L’émotion est plus forte encore lorsque Brady rend visite à un camarade, Lane, devenu paraplégique suite à un grave accident de voiture. Cette jeune gloire du rodéo, fauchée dans sa prime jeunesse, réduite à l’état de légume, ne retrouve le sourire que quand Brady lui montre sur YouTube les vidéos de ses exploits passés.

Qui attendrait du film contemplatif de Chloé Zhao de l’action et des rebondissements serait fatalement déçu. La réalisatrice filme avec une fascination contagieuse les espaces désolés des Badlands. Elle montre de longues séances de dressage où le jeune cowboy vient lentement à bout des réticences des chevaux confiés à ses soins. Aucun artifice, aucune béquille scénaristique pour faire tenir debout The Rider sinon la mutique détermination de son héros, écartelé entre son désir de retrouver sa vie d’antan et l’obligation de se conformer aux injonctions des docteurs. Les amoureux des chevaux et des grands espaces adoreront. Les autres…

La bande-annonce

Plaire, aimer et courir vite ★☆☆☆

1993. Jacques (Pierre Deladonchamps), un écrivain célèbre. Le Sida ne l’empêche pas de plaire, d’aimer – en revanche on ne le voit guère courir. Autour de lui gravitent plusieurs hommes. Mathieu (Denis Podalydès), son voisin journaliste, auquel le relie une vieille amitié. Marco (Thomas Gonzalez), dont il a été très amoureux et dont il l’est encore, qui se meurt à petit feu. Et aujourd’hui Arthur (Vincent Lacoste), un Breton d’une vingtaine d’années, qu’il rencontre à l’occasion d’un spectacle en province.
Mais le temps est compté à ceux qui s’aiment. Jacques a le Sida et refuse la déchéance de la maladie.

Nous sommes entrés dans les années Sida au milieu des années 80. Pas sûr que nous en soyons déjà sortis. Le cinéma s’en est nourri. Jusqu’à plus soif. On ne compte plus les films qui en traitent. Souvent d’ailleurs avec une grande délicatesse. Mais au point parfois de donner l’impression d’une recette éculée, passeport pour les grands festivals et le succès critique. Tel est le cas du dernier film de Christophe Honoré en projection aujourd’hui à Cannes.

Comme dans les films qui les précèdent, depuis le fondateur Les Nuits fauves, il y est question de sexe (homo) et de mort, le tout filmé avec un soin jaloux de la reconstitution (ah ! ces affiches prétentieuses de la Leçon de piano ou de l’Orlando de Huppert au Théâtre de l’Odéon ! ah ! ces Supercinq et ces Twingo qui repassent en boucle en arrière-plan histoire de créer l’illusion de l’époque ! ).

Philadelphia filmait le Sida mélodramatique ; Jeanne et le Garçon formidable avait le Sida musical ; Mon frère le Sida morbide ; Les Témoins le Sida collectif, 120 bpm le Sida politique. Christophe Honoré a le Sida faussement badin à l’image de son héros, Pierre Deladonchamps, dont je n’ai pas aimé l’interprétation entre-deux-chaises : mi-grave, mi-léger, vivant l’amour à la fois comme un lutinage et comme une passion.

Le film, inutilement long, a deux focales. Non qu’il s’agisse de la richesse d’un scénario particulièrement subtil, mais au contraire de l’impossibilité du réalisateur d’arrêter son parti entre les deux options qui s’offraient à lui. Filmer l’histoire du point de vue de Jacques ou de celui d’Arthur. Dans le premier cas, c’est celui, tragique, d’un homme qui va mourir. Dans le second, c’est celui plus optimiste d’un roman de formation. Pierre Deladonchamps n’est pas assez sérieux pour nous faire croire à la gravité du premier – si ce n’est, j’en conviens, dans la scène finale qui arracherait des sanglots aux pierres. Vincent Lacoste – dont la silhouette dégingandée et la diction paresseuse restent irrémédiablement associées aux pitreries de ses premiers films – n’est pas assez romanesque pour nous faire croire au second. Reste Denis Podalydès, comme d’habitude parfait, incarnation vivante de la fidélité amicale quelles que soient les vicissitudes de la vie.

La bande-annonce

Death Wish ★☆☆☆

Paul Kersey est un homme sans histoires. Ce chirurgien aisé a une femme et une fille qu’il aime et qui l’aiment. Mais sa vie se dérègle quand sa maison est cambriolée et que les trois assaillants tuent sa femme et laissent sa fille dans le coma. Après une phase d’hébétude, Kersey décide de se faire justice lui-même.

Tout dans Death Wish devait me faire fuir. Son titre qui rappelle Un justicier dans la ville dont il est le remake revendiqué, le film qui avait lancé la carrière de Charles Bronson sur fond de polémique pro- ou anti-vigilante. Son affiche dont surgit le doigt vengeur de Bruce Willis armé d’un Glock. Son sous-titre, inspiré d’un mauvais Taken et qui claque comme une publicité pour la loi du talion : « They came for his family. Now he’s coming for them. » Jusqu’à l’identité de son réalisateur, Eli Roth, dont les films d’horreur manifestaient un plaisir malsain à exalter une violence complaisante – et réciproquement. Et bien sûr son sujet : l’auto-justice, le vigilantisme ou, pour le dire plus simplement, l’auto-défense, c’est-à-dire le fait de se faire justice en violation du monopole étatique de la violence légitime.

Mais il ne faut pas faire le procès d’un film avant de l’avoir vu. Et la vérité m’oblige à dire que Death Wish est plus subtil qu’il n’en a l’air. Les scénaristes ont eu la bonne idée de faire de Bruce Willis un médecin – alors que Charles Bronson incarnait un architecte. La première scène du film le montre face à deux victimes : un policier qui meurt dans ses bras après une fusillade et l’auteur même de cette fusillade, un voyou qu’il va sauver en vertu du serment d’Hippocrate qui lui interdit de discriminer ses patients. Belle façon de poser les dilemmes éthiques que le film soulève.

Subtil, Death Wish l’est dans sa façon de camper ce personnage d’Américain moyen que Bruce Willis a su si bien interpréter depuis qu’il s’est retrouvé à son corps défendant pris au piège des assaillants de la Fox Plaza (Piège de cristal, 1988). On le voit avant la mort de sa femme fêtant l’entrée de sa fille en faculté, célébrant son anniversaire. Puis vient le cambriolage dont on sait par avance l’issue funeste – et qui en est d’autant plus anxiogène. Puis le travail de deuil – car le gentil docteur Kersey ne prendra pas les armes du jour au lendemain.

Subtil, Death Wish l’est aussi dans le personnage du policier (interprété par Dean Norris qu’on est heureux de retrouver depuis Breaking Bad). Death Wish aurait pu peindre une police corrompue, paresseuse, incompétente pour justifier la prise d’armes d’un citoyen ordinaire. Le lieutenant Raines est loin de cette caricature : c’est un bon flic, qui ne compte pas ses heures et qui fait tout pour retrouver les assassins de Mme Kersey. Mais, croulant sous la tâche, dans une ville gangrénée par la violence où le nombre d’homicides augmente en flèche, il n’a tout simplement pas le temps de faire son travail.

Quand Bruce Willis, un acteur éminemment sympathique qui a toujours incarné des rôles de « gentil » dégomme les « méchants », le spectateur – moi y compris – prend spontanément fait et cause pour lui. C’est bien là que le bât blesse. Car si son chagrin est légitime, sa façon de l’étouffer ne l’est pas. Les limites sont franchies lorsqu’il torture un voyou, usant de sa science médicale pour lui arracher le nom de ses complices. Il ne s’agit pas seulement d’une scène de violence perturbante comme par exemple celle du dentiste nazi dans Marathon Man, mais d’une scène qui interroge notre relation à la légitimité de cette violence en nous invitant à l’encourager. Dérive dangereuse du réalisateur ou ultime subtilité de sa part ?

La bande-annonce

Madame Hyde ★☆☆☆

Madame Géquil enseigne la physique dans un lycée professionnel de banlieue. Dénuée de toute autorité, elle est constamment chahutée par ses élèves.

Le dernier film de Serge Bozon commence calamiteusement. Son pitch ressemble à s’y méprendre aux innombrables films qui traitent, sur un mode parfois comique parfois tragique, de la difficulté d’enseigner dans l’éducation nationale : Les Profs, Le plus beau métier du monde, La Journée de la jupe

Il prend ensuite une voie toute différente en plongeant dans le fantastique. Après avoir été électrocutée, Madame Géquil, désormais dotée de surprenants pouvoirs surnaturels, devient Madame Hyde, une enseignante sûre d’elle-même respectée de ses élèves. Ses explications deviennent limpides. Le jeune Malik, le garçon le plus dissipé de la classe, devient le plus attentif. Même le proviseur et l’inspecteur d’académie, qui doutaient à raison de ses compétences pédagogiques, tombent sous le charme.

Hélas cette piste ne s’avère guère plus intéressante que celle, paresseuse, qu’empruntent les autres films consacrés au petit monde de l’école. L’exercice est trop artificiel, les dialogues trop littéraires pour convaincre. Isabelle Huppert, abandonnée à elle même, ne sait pas vraiment sur quel pied danser. José Garcia joue à contre emploi le rôle de son époux. Seul tire son épingle du jeu Romain Duris dans le rôle loufoque du proviseur imbu de lui-même.

La bande-annonce

Vent du nord ★★☆☆

Dans le Pas-de-Calais, Hervé, la cinquantaine, travaille dans une usine de chaussures sur le point d’être délocalisée.
L’usine rouvre en Tunisie. Foued, la vingtaine, y est embauché.

Vent du nord colle deux histoires que rien ne rapproche sinon une usine qu’on délocalise, un train de banlieue et un bus de tourisme qui circulent sur deux voies parallèles durant quelques secondes et un feu d’artifice (tout s’éclairera en regardant le film).
C’est sa principale force. C’est sa principale faiblesse aussi.

Car il y avait sans doute quelque chose à tirer de ce parallèle, une sorte de « convergence des luttes » pour reprendre une expression à la mode en ces temps de grèves SNCF et d’occupations d’université.
D’un côté, l’histoire d’un lumpenprolétariat vieillissant dans le Nord de la France – comme on l’a déjà filmé cent fois. De l’autre celui d’un lumpenprolétariat beaucoup plus jeune dans la Tunisie des zones franches – qui, lui, l’a moins souvent été.
Le premier est au chômage, mais ne vit pas si mal : Hervé habite dans un petit pavillon, s’achète un hors-bord avec sa prime de licenciement et se paie même des vacances low cost en Tunisie avec sa femme. Le second vient de trouver un emploi, qui lui permettra de payer les frais de santé de sa mère malade et de se rapprocher de la fille qu’il aime, mais ne vit pas si bien faute de pouvoir réaliser ses rêves.

Vent du nord aurait pu entrelacer ces deux histoires. Mais le montage opte pour un parti pris différent. Pendant la première demie heure, la caméra reste à Boulogne. C’est seulement dans la deuxième qu’on part, sans transition, en Tunisie. Le temps d’y prendre ses marques, on revient en France. Du coup, au lieu d’avoir un film construit en miroir autour de l’opposition/ressemblance entre les deux situations, on a plutôt deux historiettes, deux nouvelles filmées bout à bout. Le résultat est tout autre. Pas sûr qu’il convainque.

La bande-annonce

Le Collier rouge ★★☆☆

Devant une prison, un chien aboie. À l’intérieur, Morlac, un soldat démobilisé (Nicolas Duvauchelle), attend d’être jugé. Son juge, le commandant Lantier du Grez (François Cluzet), instruit son dossier. Il rencontre sa femme Valentine (Charlotte Verbeeck).

Sous ses airs de drame historique, Le Collier rouge tire plutôt du côté du roman policier façon L’Eté meurtrier dont il emprunte le cadre : un petit village du Sud de la France, écrasé par la chaleur de l’été, endormi au chant des cigales.

Son titre et son affiche sont trompeurs. on imagine un roman dont le chien serait le héros. Sans doute ce chien qui accompagna Morlac au front joue-t-il un rôle moteur dans l’intrigue. Mais les vrais héros en sont les trois humains qui jamais ne se réuniront dans le même plan.

Le Collier rouge est l’adaptation fidèle du roman publié par Jean-Christophe Rufin en 2014 chez Gallimard. L’académicien en a co-signé le scénario avec Jean Becker, son réalisateur. Le vieux cinéaste – qui fit ses premiers pas il y a plus de cinquante ans aux côtés de son père Jacques dans Touchez pas au grisbi – s’est fait une spécialité des films de la ruralité, sans sexe ni violence, qui font un bide à Paris et un tabac dans nos provinces : Les Enfants du marais, Dialogue avec mon jardinier, La Tête en friche

Le Collier rouge a les mêmes défauts et les mêmes qualités. Il se caractérise par une direction d’acteurs impeccable (à noter dans les seconds rôles le toujours parfait Patrick Descamps et la révélation Sophie Verbeeck qu’on retrouve dans Mes provinciales), une reconstitution soignée d’un village français en 1919, une mise en scène effacée et un peu fade. Le Collier rouge est un film intemporel. Il aurait pu être tourné en 2018 ou trente ans plus tôt. Un spectacle à savourer en pantoufles, le dimanche soir devant sa télévision avec sa vieille maman.

La bande-annonce

Transit ★☆☆☆

À une époque indéterminée, qui pourrait être contemporaine, mais qui rappelle les événements de la Seconde guerre mondiale, des réfugiés allemands se pressent à Marseille en quête d’un bateau vers les Amériques.
Parmi eux, Georg (Frank Rogowski) a subtilisé les papiers de Weidel, un écrivain qui s’est suicidé après que sa femme l’a quitté. Mais les pas de Georg croisent ceux de Marie Weidel (Paula Beer) qui ignore la mort de son mari et cherche à le retrouver.

Adapté d’un roman autobiographique de la romancière allemande Anna Seghers, réfugiée au Mexique en 1941, Transit opte pour un parti pris de mise en scène audacieux quoique pas totalement inédit (au théâtre le procédé est monnaie courante et au cinéma, Peau d’Âne ou, plus récemment, Marguerite & Julien étaient construits selon le même principe) : mélanger les temporalités en tournant un film d’époque dans des costumes et des décors contemporains.

C’est sans doute la principale richesse du film mais aussi sa principale faiblesse.
Sa principale richesse car l’histoire de Georg, de Marie et des quelques malheureux réfugiés qui errent dans les rues de Marseille, dans ses hôtels sordides, dans ses consultas débordés, n’est pas sans écho avec notre époque. L’accueil qui leur est fait, qui alterne et combine l’indifférence, l’hostilité et parfois la solidarité, n’a rien à envier à celui qui est réservé aux réfugiés qui franchissent ces temps-ci la Méditerranée au péril de leur vie. En mettant en scène une famille maghrébine, dans une banlieue défavorisée, à laquelle Georg se lie, Christian Petzold souligne d’ailleurs lourdement cette dimension de sa parabole.

Pour autant, on peine à comprendre l’utilité du procédé. Et on n’arrive pas à se convaincre que le film n’aurait pas été autant sinon plus efficace s’il avait été tourné dans des costumes d’époque. Si bien que ce qui est revendiqué comme un parti pris audacieux de mise en scène se révèle ex post comme un moyen habile de faire des économies sur le budget de production.

Cette mise en scène est d’autant moins stimulante qu’elle se met au service d’un scénario qui a mal vieilli. Le roman d’Anna Seghers décrivait une galerie de personnages auxquels le film accorde une attention trop limitée. Et son coup de théâtre final est trop daté pour émouvoir. La qualité des acteurs (Franz Rogowski, aperçu dans Happy End et dans Victoria, Paula Beer dont la démarche élancée et les talons mi-hauts rappellent immanquablement Nina Hoss, l’égérie des précédents films de Christian Petzold) ne suffisent pas à sauver ce film déséquilibré.

La bande-annonce

Rampage ☆☆☆☆

Une station spatiale explose et les gènes pathogènes qui y étaient testés sont projetés sur la surface du globe terrestre où ils infectent un gorille, un loup et un alligator, les transformant en monstres immenses et agressifs.
Seuls un primatologue musclé et une généticienne sexy seront capables de trouver l’antidote qui sauvera le monde de leur furie dévastatrice.

Dwayne Johnson est en passe de devenir une superstar. Ou peut-être devrais-je savoir qu’il l’est depuis longtemps devenu si je m’intéressais un peu plus à sa filmographie : Le Retour de la momie, San Andreas, Jumanji, Baywatch, Fast and Furious 5, 6, 7 et 8… Le catcheur bodybuildé aligne les blockbusters comme Arnold Schwarzenegger, dont il copie la musculature et parfois le second degré, l’avaient fait trente ans plus tôt.

La Warner n’a pas regardé à la dépense pour son prochain film. 120 MUSD pour animer trois gros monstres qui détruisent avec un plaisir communicatif Chicago – faut-il y voir une arme de guerre trumpienne contre son prédécesseur, ancien sénateur de l’Illinois ? Le problème est que cette scène, aussi spectaculaire soit-elle ne suffit pas à faire un film. Il faut bien l’introduire et se creuser la tête à écrire un scenario en inventant un personnage de primatologue, ancien commando (sic) plus à l’aise avec les singes qu’avec les hommes (re-sic), qui aurait sauvé le gorille albinos George de méchants chasseurs alors qu’il travaillait pour la Force onusienne de lutte contre le braconnage (re-re-sic).

C’est là que le bât blesse. Car si, à l’extrême limite, on peu prendre un plaisir infantile à la scène de destruction porn [c’est le mot nouveau du jour calqué de food porn] filmée avec un luxe d’effets spéciaux et une régressive jouissance destructrice, on s’ennuie ferme durant l’heure qui la précède.

La bande-annonce

Action ou vérité ★☆☆☆

Une bande de jeunes Américains en spring break au Mexique tombe sous le coup d’une malédiction. Ils sont condamnés à jouer au jeu Action ou Vérité. Celui qui refusera mourra. Celui qui n’effectuera pas l’action attendue de lui mourra. Celui qui mentira à la question posée mourra. Comment échapper à la malédiction ?

Action ou vérité détourne le jeu enfantin, rite de passage d’une adolescence en friche, pour en faire un jump scare movie à la mecanique bien huilée. Il ne s’agit pas de lâcher une bande d’ados une nuit sans lune dans une forêt obscure et sans réseau ; mais c’est tout comme. Les héros sont ici sept étudiants en goguette au Mexique – interprétés par une brochette d’acteurs trentenaires qui peinent à se faire un nom au cinéma après quelques succès éphémères à la TV ou dans des teen-drama (ainsi de la ravissante Lucy Hale révélée par la série Pretty Little Liars ou Tyler Posey héros de Teen Wolf). À noter l’absence dangereusement incorrecte d’acteurs noirs dans cette troupe – la présence d’un jeune Asiatique gay ne suffisant peut-être pas,à elle seule, à assurer la représentation non discriminatoire des minorités. Comme on s’y attend le petit groupe sera progressivement décimé par la malédiction jusqu’à ce que ne restent que les deux héroïnes, dont l’amitié indestructible avait été temporairement compromise par les péripéties de l’histoire, mais que consacrera un épilogue étonnamment immoral.

Action ou vérité serait un effroyable nanar interdit aux moins de douze ans pour la violence et aux plus de seize pour sa bêtise s’il n’était sauvé par la richesse de son scénario. Car, en effet, l’action, loin de faire du surplace, avance au fur et à mesure des défis lancés par le démon qui s’est emparé de nos jeunes godelureaux qui force, par exemple, l’héroïne à révéler les sentiments qu’elle nourrit pour le boyfriend de sa meilleure amie ou le gay à faire son coming out. Rien bien sûr de shakespearien ou de dostoïevskien. Mais l’entrelacement intelligent des codes de la comédie romantique et du film d’horreur n’est  pas inintéressant.

La bande-annonce

MILF ★☆☆☆

Trois amies, la petite quarantaine, inséparables depuis le lycée, partent ensemble dans le Sud de la France ranger la maison de vacances que l’une d’elles s’apprête à vendre. Élise (Axelle Laffont), la plus fantasque, élève seule sa fille. Cécile (Virginie Ledoyen) vient de perdre son mari. Sonia (Marie-Josée Croze) vit une relation toxique avec un homme marié.
Une fois sur la plage, les trois femmes découvrent que leurs charmes n’est pas sans effet sur une bande d’adolescents, malgré leur différence d’âge.

Amis lecteurs, êtres de pureté et d’innocence, feignez comme moi un instant l’ignorance et réjouissez vous d’élargir votre champ lexical à des expressions qui vous étaient jusqu’alors inconnues : MILF, camel toe, biffle, squirt…

La MILF ne doit pas être confondue avec la cougar. L’expression, popularisée à la fin des années 90 par le film American Pie, ne désigne pas la prédatrice d’une quarantaine d’années attirée par des hommes plus jeunes mais celle du même âge qui suscite passivement l’intérêt lascif de ceux-ci. Vous me direz que le résultat est le même. Vous n’aurez pas tout à fait tort.

En choisissant pareil titre, Axelle Laffont annonce la couleur : celle d’une comédie sur un phénomène de société qui en explore parfois, non sans intelligence, les causes et les conséquences. MILF contient quelques scènes réussies qui décrivent le malaise des célibattantes, trop vieilles pour être jeunes, trop jeunes pour être vieilles, et l’écart générationnel difficile à combler qui les sépare des garçons vingt ans plus jeunes dont la sexualité s’est construite devant YouPorn. Mais hélas, l’affiche que MILF s’est choisie, d’une rare laideur (ah ! ces tons orange) et d’une rare beauferie (ah ! ce regard insistant d’ados à casquettes sur les fesses des héroïnes), nous rappelle à la dure réalité : MILF ne sera pas le film féministe promis par sa réalisatrice, mais une comédie un peu grasse, façon Les Tuche ou Camping, qui émoustillera les jeunes sans trop choquer les vieux.

MILF n’évoque pas une seule fois Brigitte Macron. Il a cette élégance. Mais c’est bien la seule d’un film trop long, pas drôle, limite vulgaire.

La bande-annonce